Sociologie II – Intégration, conflit, changement social
2.1 - Quels liens sociaux dans les sociétés où s'affirme le primat de l’individu ?
Thème 211 – Quelle actualité pour l’analyse de la solidarité de Durkheim ?
Le programme officiel INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : Après avoir présenté l'évolution des formes de solidarité selon Durkheim, on montrera que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n'ont pas fait pour autant disparaître ceux qui reposent sur le partage de croyances et de valeurs communes. Acquis de première : Socialisation, capital social, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification, réseaux sociaux NOTIONS : Solidarité mécanique /organique, cohésion sociale
Émile Durkheim (18581917), sociologue français. « De la division du travail social », 1893.
Introduction La question initiale de la sociologie selon Durkheim est celle du lien social : comment les hommes forment-ils ensemble une société ? Sous différentes formes, cette question traverse toute son œuvre. Dans sa thèse « De la division du travail social », il pose le problème de la transformation des formes du lien social quand on e des sociétés traditionnelles aux sociétés industrialisées et s’interroge sur les possibilités de concilier l’autonomie de l’individu et la cohésion sociale dans les sociétés contemporaines. Source : H Mendras, J Etienne (dir.), Les grands auteurs de la sociologie, Hatier, coll. Initial, 1996. Questions: 1.Quelles questions soulève Durkheim ?
A. Des formes de solidarité différentes Emile Durkheim met en évidence deux formes de solidarité sociale: la solidarité mécanique, fondée sur les similitudes, et la solidarité organique, fondée sur la division du travail (…) La solidarité sociale peut être étudiée par "son symbole visible": le droit. En classant les différentes formes du droit retenues par les juristes, Durkheim met en évidence l'existence de deux formes de solidarité. Il distingue le droit "répressif" (ou pénal), qui est l'ensemble des règles ayant pour objectif d'infliger une peine au criminel pour venger l'outrage fait à la société, et le droit "restitutif", dont les règles visent au maintien et au rétablissement de la vie sociale (droit civil, commercial…). Source : Monique Abellard, De la division du travail social, Emile Durkheim Alternatives Economiques Poche n° 021 - novembre 2005 Questions : 1.A quelles difficultés est confronté Durkheim quand il souhaite étudier la solidarité ? 2.Pourquoi étudie-t-il le droit ? 3.Relier chaque type de droit à une forme de solidarité
A. Des formes de solidarité différentes Dans les sociétés segmentaires ou primitives, où la division du travail est faible, la cohésion sociale est assurée par la "solidarité mécanique", qui s'appuie sur les similitudes unissant les individus selon le proverbe "qui se ressemble s'assemble" et sur le droit répressif: le crime qui frappe un individu touche les fondements de la société tout entière, du fait des similitudes entre les individus. L'individualité y est nulle et la conscience collective (croyances communes d'un groupe) recouvre exactement les consciences individuelles. La solidarité mécanique s'oppose à la "solidarité organique", qui s'appuie sur la différenciation des tâches au sein des sociétés modernes et sur le droit restitutif. L'affaiblissement de la conscience collective au profit des consciences individuelles est la conséquence de cette différenciation. Cependant, dans la division du travail, l'autonomie individuelle est toute relative: "Même dans l'exercice de notre profession, nous nous conformons à des usages, à des pratiques qui nous sont communes." Cette phrase montre que Durkheim n'a jamais considéré ces deux formes de solidarité comme antinomiques. Source : Monique Abellard, De la division du travail social, Emile Durkheim ,Alternatives Economiques Poche n° 021 - novembre 2005 Questions : 1.Remplir le tableau suivant 2.En quoi Durkheim a-t-il une analyse atténuée de l’opposition entre les deux formes de solidarité ?
A. Des formes de solidarité différentes
Société à solidarité mécanique Société à solidarité organique
Type de société : Petite/grande taille Individualiste/holiste Traditionnelle/moderne
Division du travail
Conscience individuelle/conscience collective
Type de droit
Type de lien social
A. Des formes de solidarité différentes
Société à solidarité mécanique Société à solidarité organique
Type de société : Petite/grande taille Individualiste/holiste Traditionnelle/moderne
Division du travail
Conscience individuelle/conscience collective
Type de droit
Type de lien social
Exemple
Regardez l’exemple des Amish
Type de société : Petite/grande taille Individualiste/holiste Traditionnelle/moderne
Division du travail
Conscience collective
individuelle/conscience
Type de droit
Type de lien social
Exemple
1. En quoi notre système de protection sociale repose-t-il sur la solidarité organique ?
Regardez l’extrait de 0,58 à 1,25
Type de société : Petite/grande taille Individualiste/holiste Traditionnelle/moderne
Division du travail
Conscience collective
individuelle/conscience
Type de droit
Type de lien social
B - Comment expliquer le age de la solidarité mécanique à la solidarité organique ? Les deux conditions les plus fondamentales sont, selon Durkheim, la croissance du volume de la collectivité et la croissance de la densité de sa population. Volume et densité entraînent l'accroissement de la division du travail non pas directement, mais parce qu'ils créent des pressions sociales qui conduisent à des changements de nature à entraîner cet accroissement. La croissance de la taille et de la densité d'une population sur un territoire rend plus intense la lutte pour la vie, surtout si tous exploitent les mêmes ressources naturelles, par exemple si tous cueillent les mêmes plantes ou chassent les mêmes animaux ou pèchent dans les mêmes eaux. Cela encourage les individus à se spécialiser, certains se consacrant à la chasse, d'autres à la pêche, d'autres à l'agriculture. La spécialisation diminue la lutte pour la vie, puisque davantage d'individus s'adonnant à des occupations différentes peuvent vivre des ressources d'une même niche écologique, tout comme davantage d'organismes le peuvent lorsqu'ils appartiennent à des espèces différentes. es croyances et des sentiments communs , a été détruite par la différenciation croissante née de la lutte pour la vie . Source : PM Blau Et RL Milby, Division Du Travail Et Lien Social. PUF, 1993. Questions : •Pourquoi l’augmentation du nombre d’habitants entraîne-t-elle une plus grande division du travail ? Réaliser un schéma fléché pour répondre
II – Une disparition de la solidarité
mécanique ?
Introduction – La crise du système de protection sociale Regardez l’extrait du début à 0,58 et de 1,25 à 1,30 Questions: 1.Quelle est une des raisons de la crise de notre système de protection sociale ? 2.Pourquoi l’individualisme fragilise-t-il le lien social ? 3.En quoi est ce-un retour à la solidarité mécanique ?
A – Les limites de la solidarité organique Selon Durkheim, les sociétés à solidarité organique accordent une place plus significative à l'autonomie individuelle. La dimension «individualiste » de la personnalité tend ainsi à se renforcer au détriment du collectif. Cela ne signifie pas que les institutions n'exercent plus aucune contrainte sur les individus mais que leur pouvoir s'affaiblit. Pour Durkheim, le risque de cette poussée d'individuation caractéristique des sociétés modernes est celui d'«anomie ». Il y a situation d'anomie lorsque les normes sociales s'imposent aux individus avec moins d'efficacité. Durkheim parle également de perte de repères. Source :David Ledent « Émile Durkheim - L'invention du social », Les Grands Dossiers des Sciences Humaines 3/ 2013 (N° 30) p. 8-8. Questions : 1.Pourquoi les sociétés à solidarité organique laissent-elle plus de marge de liberté aux individus ? 2.Pourquoi l'individualisme peut-il créer de l'anomie ? Définissez le concept
B – Entraînent un retour à la solidarité mécanique
Contrairement à ce que pensait Durkheim, la solidarité mécanique n'a pas disparu de nos sociétés modernes. Le poids d'une trop grande liberté a incité l'individu à rechercher de nouvelles formes de solidarité. Aujourd'hui, il a tendance à s'organiser de nouveau en groupe, pour pallier l'absence de sens engendré par l'individualisme, autour d'une conscience collective forte. Plusieurs courants théoriques ont proposé, au cours du XXe siècle, une vision plus « mécanique » de la société. Source : A Bruno et alii, Durkheim, nature et formes du lien social, ellipses Questions : 1.Quelle était l’évolution anticipée par Durkheim ? 2.Se révèle t’elle juste? Expliquez
1 - Les musiciens de jazz : l’école de Chicago L'école de Chicago prend naissance à la fin du XIXe et au début du XXe siècle aux États-Unis. Ces études portent principalement sur la ville et la cohésion sociale. Des auteurs comme R.E. Park et E.W. Burgess montrent que l'urbanisation conduit à un éclatement social et à la marginalisation de certains individus. Mais si on peut qualifier une partie de cette population d'exclus, l'école de Chicago entend montrer qu'il y a un regroupement d'individus dans des quartiers où se constituent des « aires naturelles ». Aussi, s'il y a une désorganisation au niveau global, la ville reste un lieu de réorganisation entre des groupes, des communautés locales. Tout se e comme si des individus, rejetés d'une société incapable de permettre une solidarité organique, recomposaient entre eux un lien social autour d'une conscience collective forte et d'une solidarité mécanique. Plus tard, reprenant les analyses de l'école de Chicago, dont ils sont pour beaucoup les anciens élèves, d'autres auteurs vont développer le courant de l'interactionnisme symbolique. H.S. Becker et E. Goffman, exploitant au mieux les méthodes de l'observation participante, s'intéressent également à la reconstitution du lien dans une population d'exclus. Becker étudie notamment la carrière dans un groupe déviant, les musiciens de jazz. Il montre qu'ils se différencient de façon pleinement consciente du reste de la population non musicienne, les « caves » en adoptant des comportements et des valeurs non conformistes. Par ailleurs, ils se reconnaissent entre eux sur une base communautaire et certaines règles sont strictes. Un réseau de relations est constitué pour la recherche d'un emploi et un musicien de jazz doit respecter son intégrité artistique et ne pas se livrer à une attitude commerciale dans le seul but d'augmenter ses revenus. La conscience collective conserve ici toute sa force. Source : A Bruno et alii, Durkheim, nature et formes du lien social, ellipses Questions : 1.La solidarité mécanique a-t-elle disparu ? 2.Remplir le tableau suivant
1 - Les musiciens de jazz : l’école de Chicago
Les musiciens de Jazz L’école de Chicago
Type de collectif : Petite/grande taille Individualiste/holiste Communauté/société Inclus/exclus
Division du travail
Conscience individuelle/conscience collective
Type de règles
Type de solidarité
2 - M Maffesoli : le temps des tribus Pour Michel Maffesoli, notre société semble isoler l'individu et ne lui fournir aucun moyen réel de s'intéresser à la société et au politique. Pourtant, il montre que l'on assiste à un retour d'une certaine forme de tribalisme. Pour résister au vide social, des groupes se forment, favorisant une solidarité mécanique et un esprit communautaire. Ces nouvelles tribus revêtent différentes caractéristiques. Tout d'abord, elles favorisent le temps présent et, « dès le moment où le rapport à l'autre est déterminé par le présent, ce qui va prévaloir, c'est la recherche d'un équilibre personnel qui, par contagion, va tenter de promouvoir un esprit collectif, le tout par ajustement des rythmes corporels et des rythmes émotionnels ». Cette valorisation du présent favorise ensuite le côté éphémère des groupes. Liberté est donnée à la mobilité, aux changements rapides vers de nouvelles attaches. Il faut noter également que ces tribus privilégient l'émotion et les sentiments. Plus qu'une finalité clairement définie, on s'agrège pour être ensemble. Enfin, très souvent les membres portent un « masque » pour se confondre et s'apparenter au groupe. La tribu permet ainsi la constitution de « l'être-ensemble » un regroupement d'individus qui trouvent dans la force de l'esprit collectif l'occasion de se retrouver, d'exister et d'éprouver des sentiments Source : A Bruno et alii, Durkheim, nature et formes du lien social, ellipses Questions : 1.définissez le tribalisme, donnez un exemple et présentez ses principales caractéristiques. 2.Quelles sont selon Maffesoli les causes du développement du tribalisme, son analyse vérifie t’elle celle de Durkheim ?
2 - M Maffesoli : le temps des tribus
Par ailleurs, on peut voir dans ce renouveau du tribalisme, l'importance du religieux, non pas pensé en terme traditionnel et institutionnel (encore faudrait-il évaluer la persistance du poids de l'Église à travers notamment les manifestations de soutien au Pape) mais autour de nouvelles formes de religiosité, de sacralité. Le regroupement d'individus dans des groupes suppose souvent la référence à quelque chose de sacré. Il en est ainsi des grandes messes populaires comme les événements sportifs. Christian Bromberger a montré l'importance du rituel dans le football qui permet de dégager la supériorité du groupe sur l'individu. Ce sont les ers regroupés en entité collective, et qui s'apparentent aux tribus mises en évidence par Maffesoli, liés par une forme rituelle. Comme l'énonce Durkheim, « il y a des rites sans dieux » mais sans doute pas sans sacralité. Une sacralité qui permet l'émergence et le maintien de la conscience collective exprimée par le «divin social » cette force qui opère le regroupement des individus. Source : A Bruno et alii, Durkheim, nature et formes du lien social, ellipses Questions : 1.A partir de l’exemple des clubs de ers explicitez l’analyse de Maffesoli.
2 - M Maffesoli : le temps des tribus
M Maffesoli : le temps des tribus
Type de collectif : Petite/grande taille Individualiste/holiste Communauté/société Inclus/exclus
Division du travail
Conscience individuelle/conscience collective
Type de règles
Type de solidarité