Dominique Vialar
Pris sur la toile
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À George, Stéphanie, Christiane, Fernand, Simone, Françoise et Alain, mon é. À Nicolas, mon présent.
Préface
Je me présente : je m’appelle Dominique Vialar, je suis née le 28 juin 1987 dans une ville du Sud-ouest de la . À la suite d’un accident sportif, je me suis plongée dans l’écriture. Atteinte de dyslexie, je n’abandonne pas mon rêve. Critiquée et rabaissée, ma différence m’a donné envie de me battre. Écrire est une façon pour moi de me délivrer de mes douleurs.
Prologue
Je m’appelle Michäel Smith et je vis à Miami depuis toujours. J’habite avec mon frère dans une maisonnette. Ce n’est rien de très glorieux, juste un petit chez-soi très modeste : une chambre, une cuisine, un salon, une toilette avec douche et une charmante petite véranda. Mon frère, Joe, m’a donné l’ultime chambre de la maison pendant que lui il e ses nuits sur le canapé. C’est un jeune homme très autoritaire, il aime bien que tout soit parfait. Il aime les bonnes choses et la bonne chair des jeunes femmes. Il est bien plus âgé que moi et je sais qu’il ramène plein de femmes à la maison. Quant à moi, je suis timide et discret, je n’ai pas de véritable ami, il faut dire que, dans ma vie, tout ce que je sais faire c’est lire et écrire. Voici mon histoire. Je pense qu’il est temps que de nombreuses personnes puissent la lire. Je vais vous raconter mon histoire. Ce n’est peut-être pas la plus belle, ni la plus intéressante mais c’est mon histoire, une partie de ma vie et elle mérite d’être racontée. Voici le commencement ! J’ai toujours vécu à Miami. J’avais une famille heureuse avec un père, une mère et un frère. Quand j’avais un an, ma mère, Louise, est décédée dans un accident. Notre foyer familial en a été complètement brisé car mon père, Franck, avait perdu l’envie de vivre. Depuis le décès de ma mère, je me suis renfermé sur moimême à tel point que je n’avais plus goût à la vie. Mes relations avec mon frère se sont dégradées. Puis, un beau jour, notre père nous annonce qu’il ne peut plus s’occuper de nous et préfère nous confier à sa belle-sœur du côté de la défunte. J’avais déjà perdu ma mère, j’allais aussi perdre mon père. Il était hors de question pour moi de me séparer de lui, mais je n’avais pas le choix. Un dimanche pluvieux, un homme et une femme étaient dans le salon en train de prendre le thé et je compris à cet instant que c’était ma nouvelle famille. Joe, comprenant mieux la situation que moi, me prend la main et tous les deux nous nous dirigeons vers le salon. J’étais outré de cette situation, mais n’en disait pas un seul mot. Après de longues heures à discuter des formalités, nous sommes allés chercher nos valises respectives. Cela s’est fait assez rapidement. Notre père nous a pris dans ses bras. Encore quelques instants de douceur avant la terrible séparation.
J’ai é toute mon enfance et mon adolescence chez mon oncle et ma tante à Weston, ce qui changeait complètement de Miami. Le manque d’une famille, d’un père et d’une mère m’a rendu terriblement triste et très mal à l’aise. J’ai sombré dans une mélancolie qui, peu à peu, s’est transformée en peur de l’abandon. Mon frère et moi avons fait tout notre parcours scolaire ensemble, malgré notre différence d’âge. Joe n’avait pas de mal à se faire des amis mais moi, le vilain petit canard de la bande, je restais toujours en retrait. Je préférais lire des livres et rester dans mon monde au lieu de parler avec des personnes réelles. Durant mes premières années de collège, rien n’avait changé. J’étais tout au fond de la classe. J’ai toujours remarqué cette très belle camarade de classe. Adorable avec tout le monde, blonde aux yeux marron noisette, elle était très mignonne et me faisait craquer. J’avais un coup de foudre à chaque fois qu’elle ait à côté de moi et quand je sentais son parfum. Cette sensation m’envahissait le corps. Quand j’ai eu 16 ans, je n’avais encore jamais eu une petite copine, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai commencé à entamer une discussion avec elle. Elle me disait qu’elle voulait être journaliste et qu’elle adorait la nature. Je ne savais pas quoi lui répondre à vrai dire, je ne me suis jamais demandé ce que je voulais être plus tard. Je lui ai juste demandé si elle voulait aller boire quelque chose avec moi après les cours. Elle a gentiment accepté. Ce fut pour moi une petite victoire, mais j’étais très gêné de la situation. Après les cours, nous sommes allés boire un coup dans un café. Elle était plutôt bavarde et moi plutôt silencieux. Je ne savais pas du tout quoi dire ni quoi faire. Puis un long silence vint gâcher ce moment de plaisir et, comme je le redoutais, elle est partie. Je me suis senti terriblement mal à l’aise. Je me suis levé à mon tour, j’ai payé l’addition puis je me suis dirigé vers la maison. Mon frère m’a pris à part pour m’annoncer une bonne nouvelle. Il m’a dit : « J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, nous pouvons enfin rentrer chez nous ! J’ai trouvé un emploi au sein de la police de la ville car comme tu le sais j’ai déposé ma candidature et elle a été acceptée. Je vais même aller plus loin, je suis allé voir le juge et j’ai demandé à devenir ton tuteur jusqu’à tes 20 ans. Notre tante est au courant et a donné son accord. Pour ce qui est de notre oncle, il est plutôt en colère, mais il n’a pas le choix. Va faire ta valise, on prend le train dès demain. ». Cela a été la plus merveilleuse nouvelle du jour, je lui ai sauté au cou et me suis
précipité dans ma chambre pour préparer ma valise avec le strict minimum. Trop impatient à l’idée de rentrer enfin chez moi et de retrouver mes habitudes, j’en avais déjà oublié ce rendez-vous gâché avec cette fille. Après un dernier « au revoir » à mon oncle et ma tante, on se retrouve dans le train en direction de Miami. Tant de souvenirs me revenaient en mémoire. Il n’y avait pas que de bons souvenirs mais aussi des mauvais comme le décès de notre mère et l’abandon de notre père. Je me suis brutalement souvenu de la première fois où j’ai fait du vélo, du toboggan et du football. Même si sur le moment ces souvenirs sont insignifiants, ils restent gravés dans ma mémoire. Tout au long du chemin, j’étais trop excité pour pouvoir dormir donc je faisais ce que je sais faire le mieux, lire. Je trouvais le trajet très loin et regardais mon frère qui s’était endormi sur son sac. Quant à moi, je n’arrivais à me relaxer qu’avec un bon livre. Après des heures dans le train et une marche de plus d’une heure, nous nous retrouvons sur le perron de notre maison. Je pousse un profond soupir, Joe retrouve la clef puis il me la e. Je tourne la clef dans la serrure et nous entrons. Malgré des couches de poussière, rien n’avait changé. Chaque meuble était à sa place, je suppose que Franck, notre père, ne voulait pas vendre la maison. Je monte les quelques marches pour retrouver ma chambre, tout était à sa place, même les vieilles photos de famille. Joe vient me redre et me dit : « Il y aura beaucoup de travail pour remettre la maison à neuf ». Cela ne me faisait pas peur, du moment que j’étais bien. Les jours, les mois, les années èrent à grande vitesse. La poussière laissa alors place à la beauté des meubles en bois, à de jolis tapis et à quelques plantes vertes très nobles. Je ne savais toujours pas ce que je voulais faire dans la vie, mais je commençais à avoir quelques idées en tête. À force d’entendre les histoires ionnantes racontées par mon frère au retour du travail, je me suis dit qu’il serait intéressant de devenir inspecteur de police tout comme lui. Ainsi, à l’âge de 23 ans, j’ai commencé à er les concours pour rentrer dans les forces de l’ordre et au bout de deux longues années de travail, j’ai eu mon diplôme et ma première affectation. J’allais travailler aux côtés de mon frère et cette idée me remplissait de joie. Pourtant, quand je la lui ai annoncée, il est devenu très silencieux et distant avec moi. Je pensais qu’il serait fier de moi,
mais ce n’était pas le cas. C’était comme si je venais de lui annoncer une mauvaise nouvelle. Depuis ce jour-là, notre relation a beaucoup changé. Son autorité a pris le dessus dans la maison. L’ambiance devenait invivable. Je pris mon poste le 1er avril 2000. Mon supérieur s’appelait Franck Carling, c’était un homme très respectable qui a toujours travaillé et a obtenu plusieurs récompenses. Toutefois, cet homme cachait en lui un terrible secret. De nombreuses personnes avaient déjà essayé de le cerner, en vain. Ce jour-là, ma vie a commencé à changer et plus rien ne fut plus jamais comme avant.
9 h du matin Le capitaine Carling reçoit un appel très important du président. Ce dernier lui annonce une nouvelle mission mais se dit très inquiet des éventuelles conséquences. Avant de tenir cette réunion pour nous annoncer le déroulement de cette enquête, il a demandé de l’aide à un de ses vieux amis de longue date. Carl est non seulement un ami fidèle du capitaine mais aussi le légiste de la police. Ils ont fait les quatre cents coups quand ils étaient jeunes. Frank et Carl se sont toujours soutenus dans les pires épreuves de la vie et c’est autour d’un café que le capitaine commence à lui parler. — Je suis inquiet. Je ne sais pas comment je vais faire avec cette annonce. — Ne t’en fais pas. Tu sais que cette affaire est déjà bien loin derrière toi, personne ne fera le rapprochement. — Mais tu sais que le Président veut les frères Smith au sein de cette enquête ! Je te laisse imaginer le problème que cela va poser. — Bon courage, alors ! Après avoir vidé sa tasse de café puis raccompagné son ami, il se mit sur le balcon, regarda sa secrétaire et, d’une voix tremblante, il invita tout le monde à se retrouver dans la salle de réunion à 13 h 30. Tous mes collègues ont quitté leur poste pour aller manger à la cafétéria. Moi, j’ai préféré rester à mon bureau devant mon ordinateur comme à chaque fois. Je ne me sentais plus à ma place avec les autres. J’ai préféré rester en compagnie de mon sandwich au lieu de redre mes collègues. Trop de moqueries et d’insultes ne me donnaient plus la force de continuer à les voir.
Comme tous les jours, Emily arrivait vers moi. Elle avait une sale réputation et essayait de caler tous les hommes dans son lit. Ce n’était pas une femme particulièrement belle mais elle avait des rondeurs. Elle savait les mettre en valeur pour faire tourner la tête de nombreux hommes. C’était une accro du sexe. Depuis mon entrée, elle a plusieurs fois essayé de me mettre dans son lit. Ce jour-là, elle était assise sur mon bureau et a commencé à défaire le bouton de son chemisier. Cela me mettait très mal à l’aise. Elle ne m’intéressait pas, je faisais tout mon possible pour ne pas la regarder, mais je n’y arrivais pas. Elle était de plus en plus près de moi, j’ai senti des gouttes de sueur couler dans mon dos. Soudain, je vis arriver mon frère qui lui prit l’épaule pour la faire reculer et d’un ton sec et très énervé lui a dit : « DÉGAGE DE LÀ ! » Après son départ, il m’a fait remarquer qu’il était temps de se rendre en salle de réunion. Sur le chemin, j’ai essayé d’entamer une conversation pour lui dire un grand merci de m’avoir débarrassé de cette femme, mais je voyais que de son côté il n’était pas disposé à parler. Arrivés en salle de réunion, on prend place au premier rang. Après quelques minutes d’attente, le Capitaine Carling et sa secrétaire Emily entrent dans la salle. L’atmosphère devient pesante et lourde. Certaines personnes commencent à chuchoter en se demandant ce qu’il pouvait bien se er. J’observe, puis je regarde de gauche à droite. Un groupe de cinq personnes arrive et là, c’était le choc, c’était la première fois de ma vie que je voyais monsieur le Président en chair et en os. Il n’était pas seul, quatre autres personnes vêtues de noir avec des oreillettes étaient avec lui. Je comprends vite que ce sont ses garde-corps. Mon cœur s’est mis à battre la chamade. Je reste assis à ma place et j’attends précieusement ce qu’il va nous dire. Monsieur le Président restait debout pour nous regarder un par un. Son regard reste figé sur Joe et moi-même. Il prend place sur une chaise à côté du Capitaine et, à ce même moment, ce dernier se lève et prend la parole : « Chers agents, je vous ai demandé de venir en ce lieu pour vous annoncer une drôle de nouvelle. Même si mes nouvelles ne sont jamais très drôles. En réalité, beaucoup de choses vont changer. Il y aura une équipe qui va travailler sur l’enquête principale et tout le reste du commissariat va travailler sur une deuxième enquête. Cependant, sachez que ces deux enquêtes seront les plus difficiles de votre existence. Jusqu’à aujourd’hui, je ne pensais pas qu’on allait encore entendre parler de cette personne. Il y a 25 ans, cet individu a été un cauchemar pour moi et, surtout, pour mon équipier. En effet, comme vous le savez, il y a quelques années, mon équipe et moi avions eu une affaire très
difficile. Au cours de cette dernière, mon coéquipier fut tué et le tueur enfermé dans la prison de l’île voisine. Jusqu’à ce jour, personne n’avait réussi à s’en évader, lui l’a fait. Cet homme s’appelle Baba cool. Il a à son actif un lourd é de criminel. Mutilation, meurtre, séquestration et j’en e. Aux dernières nouvelles, il devait être exécuté dans les prochains jours. Dans le dossier que Emily va vous donner, vous trouverez tous les détails de son évasion et vous verrez que nous sommes face à problème de taille : Baba Cool ne s’est pas évadé tout seul. Le président et moi-même nous n’avons pas longtemps réfléchi, même si actuellement j’ai de sérieux doutes, je ne peux pas revenir en arrière sur le choix de ces agents. Nous avons décidé de donner cette enquête aux frères Smith qui dirigeront l’affaire de l’évasion de Baba Cool. » Dès que j’ai eu le dossier entre les mains, je me suis retourné vers mon frère très brièvement. Personnellement, j’étais aux anges, j’attendais cette mission avec impatience. Pour moi, c’était le Graal, je pouvais enfin faire mes preuves et démontrer que je ne suis pas comme mon frère. De son côté, Joe était en colère, je voyais ses doigts se recroqueviller sur son poignet comme s’il voulait donner des coups de poing à quelqu’un. Mes collègues, qui devaient nous aider à résoudre cette enquête, ne voulaient pas travailler avec moi. À ce moment-là, je crois que j’étais la seule véritable personne enthousiasmée par cette annonce. Le président et le capitaine ont rédigé le document. Je n’ai pas attendu que le dossier de mission soit sur mon bureau pour commencer à le lire. Même si la réunion était loin d’être finie, j’en ai profité pour regarder discrètement quelques mots ou quelques lignes du document. Pour moi, je ne voyais rien de très important. Le Président se lève et commence à nous parler : « Chers agents Smith ! J’espère que vous comprenez que cette situation peut devenir très grave pour l’ensemble de la population. Vous allez devoir faire des choix qui ne seront pas faciles, mais je vous ai déjà vu travailler ensemble et je vous connais très bien. Ne me décevez pas ! » La réunion est terminée, je me lève, je prends le dossier. Soudain, je demande à mon frère qu’on se voie quelques instants pour en discuter mais il ne me répond guère. J’étais tellement surexcité que je voulais savoir ce que ça raconte. Je me suis rendu dans mon bureau et j’ai commencé par lire ce fameux document. Et, plus je lisais, plus des mots me faisaient froid dans le dos. Je réalisais que cet homme, Baba Cool, était vraiment un monstre cruel. J’éprouvais une sensation étrange, comme un mal-être, mais je ne pouvais pas l’expliquer. Je
regarde au-dessus sur l’ordinateur, le bureau de mon frère est vide, il n’est pas revenu de la salle de conférence. Je trouvais son attitude quelque peu étrange car bien qu’il s’agisse d’une enquête de haute importance, je ne le vois pas très impliqué. Je savais qu’il voulait arrêter la police, qu’il en avait marre de tout ça, mais je pensais quand même qu’il allait tenir encore un peu plus de temps. Et surtout pourquoi il a laissé faire le capitaine jusqu’au bout ? Pourquoi il n’a pas dit qu’il voulait démissionner plus tôt ? Avant de faire quoi que ce soit, j’étais obligé de tirer cette affaire au clair. Je savais que si on ne se mettait pas rapidement au travail, cet homme risquerait de er à l’acte. 19 h sonnent, au lieu de rentrer à la maison, je décide de suivre Joe. Je le retrouve comme à son habitude dans un bar. Il est grand temps d’avoir une conversation d’homme à homme. Je le retrouve en charmante compagnie d’une très jolie femme blonde, pulpeuse et habillée en noir très moulant. Ses habits faisaient ressortir ses formes et elle avait des lèvres très glamour. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis dit que je devais prendre mes propres décisions. Je devais absolument régler ce problème avec lui, même si j’avais une boule au ventre. Je me suis avancé vers la table. Tous les deux me regardaient et je dis : — Excuse-moi, peux-tu m’accorder quelques minutes ? — Tu peux parler ici devant cette femme. — Comme tu veux ! Que va-t-on faire pour la suite de l’enquête ? Elle a l’air très importante et je pense qu’on devrait s’y mettre très rapidement. — Je ne ferai plus rien. Je veux tout arrêter. J’en ai plus que marre, j’ai envie de changer d’air. Dès demain à la première heure, je vais en parler au Capitaine. — Mais… mais tu ne peux pas ! On fait une superbe équipe. — STOP, tu n’es pas si bête, tu as bien vu que depuis que tu es arrivé, plus rien ne va. J’en peux plus de er derrière des fesses pour régler tous tes problèmes relationnels. MARRE de régler aussi tes problèmes avec Emily. Tu as toujours été si bazar avec les autres. Depuis que maman est décédée, tu as bien vu que ça ne va plus entre nous. Dès demain, je vais aller voir le capitaine pour lui en parler et plus rien ne me fera changer d’avis. — Tout n’était que mensonge. Depuis qu’on est revenu, tu m’as menti avec tes
sentiments. Tu m’as laissé croire que nous étions unis, mais en fait c’était faux ! Comment as-tu osé ? — Tu dois apprendre à grandir, on vit dans un monde cruel, c’est comme ça. Maintenant, va-t’en ! Je suis parti sans rien dire. Plus rien ne m’étonnait. Je savais qu’il voulait arrêter, mais je ne pensais pas qu’il voulait arrêter tout de suite. Je savais comment régler ce genre de situation. Je suis rentré chez nous, je suis allé dans ma chambre puis j’ai commencé à écrire une lettre, la plus claire que possible Je suis prêt à reprendre le flambeau. Il veut que je grandisse, il n’y a pas de problème, il va voir qui je suis. C’est sûr que ça va faire bizarre qu’à mon âge je dirige une enquête, surtout comme celle-là, ça peut surprendre plus d’une personne. Je me rappelle que quand j’étais adolescent, j’avais le coup de foudre pour cette fille qui voulait devenir journaliste. Je regarde dans les pages jaunes si je la retrouve. Bingo, je la retrouve. Je l’appelle sans perdre une minute. Je lui explique par téléphone. Cette dernière accepta de m’aider. Le lendemain matin, je n’avais pas très faim. Il me reste encore deux bonnes heures avant de voir le Capitaine. Je regarde ma montre et je prends la décision de perdre quelques minutes au cimetière. J’arrive devant et j’achète quelques fleurs. Je me rends sur la tombe de ma défunte mère et je les mets dans un vase. Je m’assois en face de sa tombe. Je n’ai jamais connu ma mère, mais ça me fait du bien de lui parler un peu. Cela peut être bizarre, mais ça me soulage énormément. « Chère maman, Je ne suis plus en très bons termes avec Joe. Je sais que cette situation ne doit pas te plaire. Mais je n’ai pas le choix. Dans quelques heures, je vais aller voir Franck Carling pour reprendre cette nouvelle enquête. Mais je dois dire que j’ai les mains très moites. Je me demande si je vais bien. Que j’aimerais que tu sois là ! Tu me manques énormément. »
Chapitre 1
Une équipe formidable
Je pars du cimetière pour prendre la direction du commissariat. J’arrive devant le commissariat, je gare ma moto et je me dirige directement vers le bureau du Capitaine Carling. Plus j’avance, plus j’ai une boule dans le ventre. Je suis à 100 mètres, je regarde par la fenêtre du bureau et, à ma grande surprise, Joe était déjà là. Je prends mon courage à deux mains et je rentre. Les deux hommes se retournent, étonnés. Je suis bien décidé à dire les quatre vérités au Capitaine. Je trouve que Joe n’est pas correct avec moi et cela m’a rendu malade. — Mon Capitaine, je ne sais pas ce que mon frère fait ici, j’ai des choses à vous dire, des choses qui concernent l’enquête sur Baba Cool et la collaboration entre frères. Comme vous pouvez vous en douter, nous sommes là devant vous, tous les deux, car je pense qu’il est préférable qu’on ne soit pas ensemble sur cette enquête. Par ailleurs, je pense que je vais vous faciliter la tâche : je vous demande de me laisser diriger l’enquête. — Oui, je le sais, Joe vient de me dire qu’il se retire. De ce fait, on était justement en train de discuter de la procédure à suivre car pour moi, il est hors de question qu’un jeune agent de trente ans soit responsable d’un tel dossier. — Écoutez-moi, que ce soit bien clair monsieur le capitaine et toi ! Il y a deux possibilités soit j’ai les pleins pouvoirs sur cette enquête et je monte ma propre équipe moi-même, soit je démissionne et je dirais à qui veut l’entendre que vous êtes le capitaine le plus aigri et le plus froid que je n’ai jamais connu. — ASSEZ, agent Smith ! Arrêtez vos enfantillages. Il est hors de question que vous dirigiez cette enquête. — C’est là que vous faites fausse route, mon Capitaine, j’ai déjà tout prévu. Regardez sur votre ordinateur, il y a un message qui doit clignoter, je pense qu’il est grand temps que vous le regardiez. Je regarde la tête du capitaine changer de couleur et les traits de son visage devenir plus pâles. Je me demandais, à ce moment-là, si je n’y étais pas allé trop fort. Moi, appeler le président pour me plaindre n’ai-je pas exagéré ? Il
commence à bouger et me regarde dans les yeux et je commence à comprendre. J’ai le plein pouvoir sur l’affaire Baba Cool. À cet instant précis, je me dirige vers la porte et je fais rentrer mon amie Madison. Cette dernière regarde Joe avec des yeux noirs. Ce dernier ne lui prête aucune attention. « Je suis d’accord, mais à une condition, tenez-moi informé de l’évolution de l’enquête et, surtout, promettez-moi de ne pas commettre d’imprudence, je n’ai pas envie de payer vos funérailles », me dit le capitaine. J’accepte les termes de cet accord et tous les deux sortent du commissariat. Je suis soulagé d’avoir eu gain de cause : une bonne chose de faite ! À présent, place au plus dur : trouver un lieu idéal pour pouvoir travailler correctement. Il est hors de question que ce soit dans une chambre d’hôtel ou dans un lieu comme pareil. J’ai ma petite idée derrière la tête. Je sais qu’il y a quelque temps, un vieux théâtre avait fermé ses portes. Il était petit et pas dans les normes toutefois, avec un peu d’imagination, il est possible d’en faire quelque chose de sympa. J’en ai parlé avec Madison, cette dernière partage mon avis. Ce n’est pas courant qu’on voie une chose pareille. Je la prends à moto et on se dirige vers le lieu en question. Comme je m’en doutais, le théâtre est bien abandonné, je pousse la porte et là, waouh ! quelle poussière ! Madison a trouvé l’interrupteur pour avoir la lumière qui n’avait pas encore été coupée, une chance pour nous. On se regarde droit dans les yeux et on pense quasiment à la même chose. Il va y avoir beaucoup de travail, mais ça ne me fait pas peur. Je lui dis alors : — Trouve-moi cinq personnes motivées et prêtes à travailler avec moi et quand tu les auras trouvées amène-les ici. Pendant ce temps, je vais faire un grand ménage de printemps, trouver tout ce dont on aura besoin et tu verras ce lieu va devenir une véritable merveille. Après quelques semaines de travail, je vois enfin le bout du tunnel. Les vieux sièges troués ont laissé place à cinq bureaux informatiques. La moquette rouge sang a été remplacée par un lambris sapin, sans oublier cette majestueuse estrade qui était dans un état pitoyable. Je l’ai relookée avec des tableaux blancs. Dans un petit coin se trouve mon bureau, isolé des autres. Ces lieux me donnent une immense joie. Je suis prêt à devenir une grande personne. Je découvre les cinq personnes que Madison a sélectionnées. Elles sont toutes
alignées devant la scène. Je remarque le premier, un ancien agent du FBI, il s’appelle Jacob Anderson. Jacob est un homme d’une cinquantaine d’années qui a quitté le FBI. Le deuxième se prénomme Matthew Brown, il a été suspendu de ses fonctions pour avoir commis un délit au sein de son unité. La troisième personne, une femme d’une soixantaine d’années, est journaliste d’investigation de la criminelle et se prénomme Hailey Byrne. La quatrième personne s’appelle Kaitlyn Clarck : il s’agit d’un ancien agent d’Interpol. La cinquième personne s’appelle Madison Cooper, une belle petite brochette. Ce sont des personnes complètement différentes, mais avec la même volonté. Je vais prendre les dossiers sur mon bureau et je les distribue à chaque agent Quelques secondes plus tard, tout le monde a trouvé. Je monte sur l’estrade et je commence par parler à mon équipe : « Chers collègues, tout d’abord merci à tout le monde d’avoir répondu présent à l’annonce qui vous a été proposée par madame Cooper Madison. Je me présente, je suis l’agent spécial Michael Smith et je serai votre supérieur durant cette enquête. Pour ne rien vous cacher, c’est la première fois que je dirige une enquête de ce style, je suis rentré dans la police il y a cinq ans et demi, mais les choses ont fait qu’aujourd’hui, je me retrouve avec vous. Tout le monde a déjà entendu parler de ce malfaiteur. Baba Cool est un homme qui a commis de nombreux crimes. Dernièrement, il s’est évadé de prison en compagnie d’un autre détenu. Il y a quelques années, il a été arrêté par le capitaine Carling que tout le monde connaît, vu qu’il est le Capitaine de la police de la ville. Il a fait des ravages et tué beaucoup de monde. La population vivait dans la peur. C’est pour l’arrêter qu’on vous a réuni, c’est pour travailler tous ensemble, et le mieux possible, sur cette affaire. Si vous êtes honnête avec moi, je serai un ami fidèle si vous êtes un menteur, je serai votre pire ennemi, j’ai peut-être trente ans, mais je ne suis pas stupide. Dans le premier tiroir de votre bureau, vous trouverez votre badge et votre arme. Je vous laisse une heure pour vous imprégner de ce dossier et après, on e aux choses sérieuses. Quant à toi, Madison, prépare-moi une conférence de presse juste devant le commissariat, il est grand temps de rassurer la population puis de leur dire la vérité sur Baba Cool. » Je repars dans mon bureau, je ferme la porte et je pousse un profond soupir, J’espère y arriver, j’espère qu’il n’y aura pas de problème. Ces personnes, je ne les connais pas et c’est très dur d’avoir confiance en des gens qu’on ne connaît pas. D’un autre côté, ça peut être quelque chose d’unique et une expérience très
enrichissante. Parfois, avec si peu de choses on peut faire plein de choses, j’ai presque envie d’y croire. Demain, ce sera la conférence de presse. J’espère que la population de Miami sera au rendez-vous. Ce sera pile ou face, mais moi, je suis honnête avec la population. Je suis obligé de leur dire même si je sais que ça risque d’être compliqué pour plusieurs personnes. Ce sera l’occasion de me confronter encore une autre fois avec mon frère, mais cette fois-ci, je ne me défilerai pas, je crois en moi.
Chapitre 2
L’interview
Ce matin-là, Madison avait bien travaillé. Elle m’a préparé une conférence de presse devant se tenir à 10 heures en face du commissariat de la ville. Je ne suis pas inquiet malgré les circonstances. Normalement, on fait des conférences de presse quand il y a quelque chose à dire ou de très important. Je ne peux pas dire que c’est mon cas, cette enquête vient tout juste de commencer et j’espère au fond de moi que la population va rester très vigilante au fil des événements. Je vais leur donner le maximum de choses, je n’ai pas peur, j’ai juste une appréhension : celle de voir mon frère, Joe, qui depuis la dernière fois me met une pression supplémentaire. J’ai demandé à mon équipe de me retrouver sur place. Madison commence à installer les micros et je remarque au premier rang pas mal de personnes que je n’ai encore jamais vues. Le Maire et le Président étaient évidemment là. Sur les côtés, la presse locale était également présente. Plusieurs anciens collègues commençaient à prendre place devant le pupitre et, à cet instant, mes mains se mettent à trembler. J’essaye de faire les cent pas pour me détendre un peu mais je n’y arrive pas. Je regarde mon équipe, ils sont bien plus détendus que moi. Jacob vient vers moi, me tend une balle en mousse en m’invitant à la serrer très fort lorsque j’ai un coup de stress ajoutant que normalement cela devrait m’aider à canaliser mon angoisse. Il ne reste plus que 15 minutes avant le début des hostilités. Madison a fini de m’installer les micros et part redre les autres journalistes. Je me retrouve seul avec moi-même. Je regarde mes pieds, mes mains, mes collègues, bref, je regarde tant de choses que je crois que j’aurais donné tout ce que j’avais pour être dans un autre endroit. Je me suis même insulté moi-même disant que j’étais une personne stupide d’avoir pensé une seule seconde qu’à 30 ans on pouvait gérer une enquête. 5 minutes avant de monter sur l’estrade, j’aperçois mon frère qui prenait place très loin de moi. Ça y est, il est 10 h, je m’installe devant le pupitre. Mes feuilles sont bien rangées et là, c’est la panne. Je prends mon courage à deux mains et je dis : « Population de Miami, je me présente je m’appelle Michäel Smith, agent spécial de la police et responsable d’une équipe de cinq agents que je vous présenterai en fin d’interview. Si je viens à vous, c’est qu’on m’a confié une affaire dont plusieurs ont déjà entendu parler. Baba Cool s’est évadé il y a déjà quelques jours. Je suis conscient que nos aïeuls se souviennent de ce qui s’est
é. Pour moi, il est hors de question que cela puisse se reproduire. Cette ville a beaucoup trop souffert dans le é, c’est pour cela que je vous demande de rester très vigilant. Mon équipe et moi-même ne sommes pas encore en mesure de vous dire avec certitude pourquoi cet homme est revenu. Toutefois, nous savons une chose : il ne va pas s’arrêter tant qu’il n’aura pas fini. Je vous demande de bien vouloir rester vigilants et de rester très attentifs à tout événement suspect. » Mon équipe est venue me redre et tout le monde nous a applaudis. Le message est é et mon honnêteté a payé. J’essaye de balayer mon regard pour voir si je vois Joe, en vain. Les journalistes me prennent à part pour répondre à leurs questions. Plusieurs portent sur l’enquête, mais pour moi, il est hors de question de leur donner trop d’informations. Certaines s’adressent aux cinq agents que j’ai recrutés. D’autres concernent davantage ma carrière professionnelle. J’ai é plus de temps avec eux à répondre à des questions très stupides pour certaines qu’à parler de choses plus importantes. Hailey et Madison, qui sont toutes les deux dans mon équipe, me posaient des questions complètement dingues, ce qui me faisait rire de temps à autre. Il est midi, je dis à tout le monde d’aller manger et de me retrouver à 13 h 30 au théâtre. Avec tout ce remue-ménage, je n’avais quasiment pas faim, je préférais me détendre, assis sur un banc face à la mer et fermer les yeux en écoutant les vagues se fracasser contre les rochers. Un peu de méditation dans ce monde de brutes. Mon téléphone se met à vibrer comme un malade. J’avais presque déjà oublié ce qu’était une sonnerie. Je regarde à mon téléphone six appels en absence de Kaitlyn. Je comprends qu’il vient de se er quelque chose. Après l’avoir eue, je me rends le plus rapidement possible à la banque centrale. Il vient d’y avoir un cambriolage avec un civil tué. Juste le jour où j’annonce que Baba Cool est de retour. Si ça commence comme ça, on va avoir très vite beaucoup de travail. Arrivé sur place, je vois que Kaitlyn avait é tout le monde. C’est sympa mais ça m’agace fortement car ce n’est pas à elle de le faire. Mais chaque chose a son temps. Une fois qu’on aura quelques minutes, on aura des choses à se dire. Pour ce qui est des autres, Jacob et Matthew vont voir le directeur de la banque. Hailey va regarder les caméras de surveillance. Madison va faire l’inventaire de tout ce qui a été volé et on se retrouvera dans deux heures pour faire le point. J’aperçois Hannah qui est une des légistes de la ville. Elle connaît ma situation personnelle mais elle reste très professionnelle. Je l’apprécie beaucoup et je sais
que je peux compter sur elle en cas de coup dur. « Bonjour Michäel, en fait, je n’ai pas grand-chose à te donner. Cet homme a été tué par 9,45 d’une balle en plein cœur, un travail de professionnel. Je t’en dirai plus une fois que j’aurais fait l’autopsie. » Je me dirige maintenant vers les autres membres de l’équipe pour voir ce qu’ils ont trouvé. Ils me présentent une caméra de surveillance qui montre quatre individus entrer à la banque, cagoulés avec des armes, ressemblant à celle qui a tué l’agent de sécurité. Ils ont menacé toutes les personnes présentes. D’après le directeur de la banque, il manque 2 millions de dollars. Je demande à Kaitlyn de mettre sous les clés USB les fichiers afin de les examiner par la suite. Quand la police scientifique est arrivée sur les lieux, mon équipe a pris congé. J’en ai profité pour prendre Kaitlyn à part et lui parler de ce qu’il s’est é. — Kaitlyn, tu peux venir s’il te plaît ? — Oui, Michäel, c’est pour quoi ? — Je vais te parler de ce qui s’est é tout à l’heure. Qui t’a téléphoné pour annoncer qu’il y a eu un cambriolage ? — Voilà ce qui s’est é. La société qui est en face a essayé de te dre mais comme tu ne répondais pas je me suis occupé de tout. Je sais que c’est toi le chef mais on n’avait pas le choix. — D’accord, pour cette fois ça e. Je vais trouver une solution pour que cela ne se reproduise plus. Après avoir clarifié les choses, je suis retourné sur le corps de l’agent de sécurité car certaines choses me paraissent bizarres. Je demande à Hannah de me faire des analyses complémentaires. Je sors de ce désastre. Avant de monter à moto, je regarde en face de moi et je remarque une caméra de surveillance. Je demande alors à Kaitlyn de bien vouloir regarder les images et les mettre sur la clé USB. Madison vient à notre rencontre. Elle me montre la photo d’un homme d’une certaine corpulence entrer dans la banque une arme à la main. Je le vois entrer, mais jamais en sortir. L’homme en question est très grand et a une forte corpulence : il ne e pas inaperçu. À sa manière d’observer les lieux, il semble ne pas être du coin. Je regarde dans la base de données de la police, hélas ! ça ne donne rien. Je demande à Haley de vérifier si Interpole ne le
connaît pas. J’enfourche ma moto et je me dirige vers le théâtre. J'arrive à mon lieu de travail, je vais dans mon bureau et j'étale tout comme un puzzle. Hannah m’appelle et me faxe le compte rendu de l’autopsie. Je ne vois rien de très intéressant, mais il y a juste une chose qui vient me troubler. Je demande à Jacob ce qu’il peut me dire sur cette blessure. — Je t’ai demandé de venir car la victime a été tuée par une arme à feu et je voudrais savoir ce que tu en penses car je sais que tu t’y connais. — Vu comme ça, ce n’est pas évident, mais j’ai l’impression d’avoir déjà vu une trace comme celle-ci dans mon ancien travail et si ma mémoire est bonne, je dirai que c’est un Glock 22. Développé à l’origine pour répondre à une exigence de pistolet pour l’armée autrichienne, le Glock 17 est devenu un phénomène mondial, gagnant des fans avec des forces armées, des organisations policières et des amateurs d’armes partout. Le G17 était l’un des premiers « Wonder Nines », des pistolets de neuf millimètres de grande capacité qui transportaient quinze munitions ou plus dans un magasin à double pile. Le Glock 22 est le cousin du 17, modifié pour transporter quinze munitions de calibre.40 et pesant encore un peu plus de trente-deux onces, ce qui le rend confortable à transporter toute la journée. Le pistolet réalise ceci en employant une glissière en métal mais un cadre de polymère, économisant le poids. Le G22 est utilisé par plusieurs organismes d’application de la loi, y compris les US Marshals, la Drug Enforcement Agency et le FBI. — Tu es une encyclopédie des armes à feu. — Merci pour le compliment, chef ! C’est une grande ion, les armes à feu. Sachez que c’est très facile d’en trouver une, mais le plus dur c’est de cacher ses traces. En fin d’après-midi, je regarde l’avancée de notre travail qui n’est pas très glorieux. On n’avait pas beaucoup avancé. On sait juste que l’homme que la caméra a filmé a participé au braquage et je sais que ce n’est pas Baba Cool. Je suis un peu déçu mais on commence tranquillement à démêler quelques informations. Je ne dois pas oublier une chose, Baba Cool n’a pas été le seul à s’évader de la prison et je dois aussi trouver qui est ce hacker, ce qui me fait deux enquêtes pour un même dossier. Je comprends pourquoi ils voulaient la diviser en deux groupes. « TROUVÉ ! » disent les filles en cœur. « Cet homme s’appelle Marcus et il a déjà été arrêté par la police pour avoir introduit un
fichier-espion dans le système informatique de la Maison Blanche. Je vois aussi qu’il a été emprisonné dans la même prison que notre ami. Tout s’explique, Marcus est le hacker ». C’est formidable, enfin de bonnes nouvelles ! Madison vient vers moi et me dit discrètement que Joe veut me voir. Puis elle me donne l’adresse notée sur un bout de papier. Je reste perplexe, je ne suis plus en bons termes avec lui. Je regarde ma montre et je remarque qu’il est déjà tard : « Il se fait tard, vous avez fait un très bon travail. On se retrouve demain 9 h, ici. » Une fois tout le monde parti, je ferme la porte du théâtre et je me dirige à pied vers le café. Joe est sur la terrasse avec une bière. L’air était un peu frais. Je prends place à côté de lui. Ce dernier me commande la même chose que lui. On se regarde et j’attends qu’il commence à parler. — Je t’ai vu à la conférence de presse, quelle audace ! Tu t’en es plutôt bien sorti pour un type de trente ans et très timide. — Venant de toi, je le prends comme un compliment. Je ne suis pas venu jusqu’ici pour parler du bon temps. — Franck ne voulait pas que je te donne ce dossier, mais comme je veux être le plus clair possible avec toi et vu que je n’aime pas qu’on se dispute, je pense que tu devrais en avoir besoin pour la suite sur tous les points. — Trop aimable ! Je peux me débrouiller sans toi ! — Ouais bien sûr ! Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Prends ce dossier et pour une fois, ne gâche pas tout. Au terme de notre échange, je me lève et je dépose quelques dollars sur la table. Ce dernier me chope le bras « FAIS GAFFE ! ». Je prends le dossier et je pars chercher ma moto. Je res ma chambre à l’hôtel. Je ne pouvais plus vivre chez moi vu tout ce qui s’est é avec mon frère. Cette vie à l’hôtel a quelques avantages, mais aussi beaucoup d’inconvénients. Après quelques heures de route, je retrouve ma chambrette. Je m’assois à table et sans perdre plus de temps, je lis le dossier. Plus j’en lis, plus une colère me monte au nez et je commence à voir rouge. Je le referme et je pars me coucher : ça m’a coupé l’appétit. Il va y avoir du changement dans les prochains jours.
Chapitre 3
Mon frère, mon traître
Je vous ai dit au début que je n’ai jamais connu ma mère et que mon père m’a abandonné. Eh bien, il se trouve que je me suis trompé. Joe s’est bien occupé de moi, mais ce que j’ai appris dans ce dossier m’a rendu complètement fou. Après la mort de ma mère Louise, il a décidé de me confier à la belle-sœur de sa femme. Pour éviter tout soupçon, il a demandé à son propre fils de me redre pour vivre avec moi. Ma vie est devenue une vraie pièce de théâtre. Même Molière n’aurait pas fait mieux. Il a manipulé tellement de personnes que j’ai dû arrêter de compter. Cet homme a le bras long, il s’est arrangé pour que je devienne une autre personne. Je suis é de Carl Carling à Mickaël Smith. À ce moment-là, ma vie s’est écroulée. Je ne sais plus qui je suis. Tout le monde me connaît sur ce nom qui n’est pas le mien. Je n’arrive pas à m’y faire. C’est Baba Cool qui a tué ma mère. Je commence à mieux comprendre pourquoi personne ne voulait que je dirige cette affaire. Ils avaient sûrement trop peur que j’en fasse une affaire personnelle. J’ai de plus en plus de mal à lire toutes ces pages. J’ai du mal à digérer cette situation. On vient frapper à la porte de ma chambre. Je vais ouvrir et regarder Madison qui se tient devant moi. J’ai mis cinq bonnes minutes pour reprendre mes esprits. Je la fais entrer, mais je garde en mémoire ce que je viens de lire. Cette dernière s’assoit sur mon lit puis commence à me parler, mais je ne l’écoute pas. Elle se fâche et elle commence à me parler sèchement et enfin, je commence à réagir. La chose qui est importante pour moi c’est de me confier à mon amie pour avoir des conseils. « J’ai quelque chose à te montrer et j’ai besoin de conseils. » Elle prend le dossier et commence à le lire. Elle est plus sereine que moi. Je ne sais pas comment elle fait. Je la trouve formidable et tellement jolie quand elle est sérieuse. — Tu veux me parler de ça ? Laisse tomber ! Tu as cinq personnes qui travaillent pour toi et je te rappelle qu’on a un meurtrier à arrêter. Michäel, on le sait que tu as une famille pas comme les autres. Je suis venue ici pour te parler d’une chose importante et pas pour te parler de ce torchon. Si tu veux continuer avec moi et avec nos collègues, retrouve-moi dans le hall de l’hôtel sinon ça sera tant pis pour toi.
C’est tellement vrai qu’un court instant j’ai oublié ma priorité. Je ne suis pas un gamin, je sais ce qui me reste à faire. Je laisse le dossier dans la chambre et je pars la redre. Je la vois au bar. Je prends place à côté d’elle et une fois sa tasse de café vidé, on se dirige vers sa voiture. Avant de partir, elle me dit : — Je suis retourné sur la scène de crime, on a bien vu que la banque était ouverte. Alors, pourquoi la serrure de devant a été forcée ? Regarde les photos que j’ai prises, elles ne me paraissent pas logiques. On part puis nous arrivons devant le théâtre. Je vais directement regarder les caméras de surveillance. Plus je voyais les bandes, plus je ne comprenais pas le pourquoi du comment. Je m’agace ! Comment se fait-il que la serrure soit fracturée en sachant qu’au moment du braquage elle était ouverte ? — Si je peux me permettre, je pense que ça correspond à ce que j’ai trouvé hier avant mon départ. — Explique ! — Hier, les filles m’ont dit que le hacker s’appelle Marcus. Je pense que ce Marcus est la clé du braquage. Je ne sais pas comment mais j’ai découvert un virus dans le système informatique de la banque. Il a dû le contrôler à distance pour permettre aux petits malfrats d’en profiter. — Ce n’est pas stupide ce que tu me dis ! Regardons ça de plus près. Je vais à mon bureau pour er un appel, même si les mots de Madison continuent à résonner dans ma tête, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce dossier que mon frère m’a donné. Je sais qu’au fond de moi, je dois rester concentré pour résoudre ce braquage, mais c’est plus fort que moi. On m’annonce que le responsable de la police scientifique était là et qu’il voulait me parler. Je le fais entrer et je lui tends une chaise. Ce dernier me donne son dossier où il y avait les premières informations de ce meurtre. À première vue, rien de très intéressant. Il n’y a pas beaucoup d’empreintes non exploitables donc impossible de savoir qui étaient ces hommes, ma foi, les indices me faisaient penser à l’affaire Baba Cool. J’avais un très mauvais pressentiment, je ne sais pas comment l’expliquer, mais au fond de moi, je savais que les deux affaires étaient liées. Je continue à lire le dossier de la scientifique, ils ont réussi à me trouver le nom de l’empreinte qui se trouvait sur la serrure fracturée. Il est grand temps d’aller parler à Marcus. Jacob et moi allons au domicile de Marcus pour
lui poser quelques questions. Arrivés sur place, rien de très glorieux. Juste une vieille cabane et de gros molosses qui nous montrent les crocs. Je retarde mon ami qui avait la trouille de ces grosses bêtes. « La petite bête ne va pas manger la grosse, je lui dis ». Il me monte les yeux au ciel. On avance vers la maison. Je remarque une voiture garée en arrière. Je fais signe d’arrêter de marcher et je lui montre la voiture. À ce moment-là, on continue à marcher, mais plus doucement. Je frappe à la porte, personne ne répond. « IL SE BARRE PAR-DERRIÈRE » ! On part à sa poursuite. Après 15 bonnes minutes de course, je le coince dans une ruelle. On pointe nos armes sur lui. Le fuyard se retourne et pose son arme. Jacob de lui er les menottes et de l’emmener en salle d’interrogatoire de la police. J’ai un goût amer dans la bouche. Je n’ai absolument pas envie de tomber sur les fantômes de mon é. — Je me retrouve dans l’antichambre des salles d’interrogatoire de la police. Ma seule crainte est de me retrouver nez à nez avec mon frère ou dois-je dire mon demi-frère. Car depuis que ce dernier m’a donné le dossier révélant l’identité de ma véritable famille, je n’ai plus envie de le voir. Pour moi, Joe a trahi ma confiance. J’arrive devant le garde, je donne mon identité au garde. Il me regarde de haut en bas et m’ouvre la porte. Tous les deux, on emprunte un long couloir gris et sombre jusqu’à la salle d’interrogatoire numéro 5. Avant que cet agent ne lui ouvre la porte, ce dernier lui dit : « Vous êtes sûr que vous voulez l’interroger car une heure avant vous, deux personnes l’ont déjà interrogé ? » Je savais que Frank et Joe n’allaient pas me laisser faire mais il est hors de question pour moi de les s’en tirer. « Je ne sais pas qui étaient ces personnes, mais moi, je suis l’agent spécial Smith et je ne travaille pas pour eux… Et oui, je veux l’interroger. » L’agent haussa les épaules et ouvrit la porte de la salle. Je m’installe face à lui. Je n’ai pas de papier ni de stylo avec moi. Je préfère le regarder face à face et l’observer au lieu de foncer dans le tas. — Vous savez pourquoi je suis là, je veux tout savoir sur l’affaire Baba Cool. — Je n’ai rien à vous dire ! — Tu RÉPONDS, ça ira plus vite. — Rien à vous dire ! — Je sais qu’avant moi, il y avait un homme ou deux. Bref, eux, ils sont moins sympas que moi. Moi, je suis plus souple. Si tu me parles, je ferai tout pour
t’aider à t’en sortir pour le mieux. Pour le moment, je te soupçonne de cambriolage, mais si tu ne me parles pas, je te colle un meurtre. — Je ne connais pas de Baba Cool. La personne qui m’a donné ce taf, il s’appelle Isidore. Je peux vous confirmer que cet homme est très malin et il change toujours de lieu. J’ai ce que je suis venu chercher. Je pense que je commence à comprendre la situation. Si je veux retrouver Baba Cool, je vais devoir mettre la main sur son ami. Je sais déjà que ce dernier est un très grand hacker. Il n’a aucune difficulté à s’introduire dans un réseau informatique. Je vais devoir redoubler de précaution. Je vais renforcer le système informatique du théâtre. Marcus est fait comme un rat, vu qu’il y a son empreinte sur le lieu du crime. Il n’est pas près de sortir de prison. Une fois à l’extérieur, je regarde les grandes vitres des locaux de la police. Je ne regrette en rien ma discrétion. J’avoue juste que j’aurais bien voulu travailler avec mon frère. Pourquoi tant de méchanceté ? Je n’ai rien fait pour que ça arrive. Cette complicité me manque. Dire que quand on était enfants, on était inséparables et fidèles. Je ne dois plus penser au é, ça fait trop mal. Je me suis fait une raison ! je monte sur ma moto et je vais voir mes collègues pour leur faire part de mes découvertes. Le vent s’engouffre dans mon casque. Des idées me viennent en mémoire, mais je n’y prête pas attention. Arrivé sur place, je remarque qu’il manque une voiture sur le parking. J’enlève mon casque et je rentre pour voir si mes soupçons étaient confirmés. Tout le monde était là mais une manquait à l’appel. Kaitlyn n’était pas à son poste. Je savais que ce jour pouvait arriver, mais quand même ! Ce n’est pas toujours facile d’accorder sa confiance à une personne qu’on ne connaît pas. Je me dirige vers mon bureau. À ce moment-là, beaucoup de choses arrivent dans ma tête. Je n’aurais pas dû accepter cette enquête. Si tout le monde me quitte, qui va continuer à travailler avec un homme de trente ans ? Madison vient de faire son apparition. C’est étrange, elle me remonte toujours le moral. Il suffit de peu de choses pour me faire me sentir bien. Elle est si magnifique que je ne sais pas pourquoi avec elle tout paraît plus simple. Elle prend une chaise et s’installe à côté de moi : « J’ai été un peu brusque tout à l’heure, mais c’est pour ton bien. Tu es un jeune homme qui manque de confiance en toi. Je te respecte et je sais qu’on peut faire de grandes choses : toi, moi et les autres. » Elle a raison. Je ne sais pas pourquoi je e mon temps à broyer du noir. Ça doit dater de mon enfance. On sort tous les deux du bureau. Les collègues avaient un petit sourire narquois. Madison va à son bureau et quant à moi, je me place sur scène et je leur explique ce que j’ai appris de l’interrogatoire de ce matin : « Marcus ne travaille pas pour Baba Cool,
mais il travaille pour Isidore, notre hacker, qui l’aide à s’en sortir. Mon frère et le Capitaine me suivent de très près et nous espionnent. Mon histoire de famille ne devrait pas toucher notre enquête, mais j’ai bien peur qu’elle en fasse partie. Pour ne rien vous cacher, je suis le fils du capitaine Carling et Joe c’est mon demi-frère. Ma mère, vous la connaissez, elle s’appelait Louise. Cette dernière a été tuée par Baba Cool quand j’avais un an. Voilà toute l’histoire. Il se peut que cette histoire ne soit qu’une simple vengeance mais le président a peur. La dernière fois, cet homme a causé beaucoup de dégâts à la ville. Tout le monde vivait caché chez soi. Miami est devenue une ville morte de peur. BREF ! Vu ce qui se e, laissons le cambriolage de la banque à la police, nous avons une nouvelle piste à exploiter. Regardez dans les dossiers d’Interpol si Marcus travaille bien avec un hacker qui s’appelle Isidore. Pour toi, Madison, retrouvemoi Kaitlyn, je ne e pas de rester sans avoir de ses nouvelles. » Tout le monde se met au travail. Moi, je vais sur mon ordinateur. J’envoie un mail au Capitaine de la police pour lui laisser l’enquête de la banque en espérant que ça va les occuper un peu. De mon côté, je me demande toujours où est ée ma collègue car le temps e, mais toujours aucune nouvelle. Jacob vient me voir et me e un dossier comprenant des informations complémentaires sur le coéquipier de Marcus. Ce dernier ne m’avait pas menti, c’est vrai, il a été embauché par ce hacker. Il ne me restait plus qu’à établir le lien entre tout ce petit monde. Il est déjà 12 h 30. La matinée avait déjà bien commencé et toujours pas de nouvelles de Kaitlyn. Je commence réellement à me poser des questions. C’est vrai que c’était la plus petite dans l’équipe, mais elle faisait un travail très précis et j’apprécie réellement qu’elle soit capable de fournir un travail aussi soigné. Je vais au bureau de Madison pour savoir si, de son côté, elle avait pu dre la banque mais malheureusement non. Je décide donc d’aller au domicile de cette dernière. C’est le seul membre qui habite le plus loin du lieu de travail, il m’a fallu deux heures pour redre son domicile. J’arrive sur place, je suis très étonné, je pensais que pour un agent d’Interpol, elle aurait une maison plus luxueuse mais ce n’était pas le cas. Les fenêtres et les portes de la maison étaient fermées. Je me rapproche des fenêtres, je me penche et je ne vois personne à l’intérieur. Cependant, il y avait quelque chose qui semblait bizarre. En faisant le tour de la bâtisse, la porte de derrière était ouverte. Je devais avoir le cœur net sur cette situation. Je pénètre discrètement dans la maison. Arrivé dans la cuisine, je trouve des petites taches de sang. Je sors mon arme et je les suis jusqu’à une chambre. Je pousse la porte et là je vois le corps sans vie de cette
dernière. Je m’approche d’elle, son corps est froid, ça faisait bien quelques longues heures qu’elle était morte. J’appelle le légiste et la scientifique. Tout le monde arrive et tout se e très lentement. Je suis assis sur une murette, je me demande si je dois appeler tous les autres membres de l’équipe pour leur annoncer la mort de Kaitlyn. Je dois être le plus clair possible avec eux. Au même moment où j’allais enfin trouver le courage de les appeler, la scientifique vint me voir pour me montrer quelque chose sur le corps de Kaitlyn. Je n’étais pas très en forme pour trouver le corps de cette dernière allongée sur son lit. La première image que j’avais vue me donnait froid dans le dos. Le chef d’équipe me conduit jusque dans la chambre de Kaitlyn. On me donne des gants en latex et on me fait remarquer une étrange marque sur la nuque de la jeune femme. On aurait dit la forme d’un tatouage qu’on aurait brûlé dans le but de l’effacer. Je prends la photo de ce tatouage pour pouvoir faire des recherches par la suite. Je n’ai jamais fait attention à ce genre de « petits » détails. Quand je l’ai vue pour la première fois, c’était une femme très intelligente et à aucun moment je ne pouvais la soupçonner de trahison voire qu’elle pouvait faire partie d’un clan ou de la mafia. Mais je ne peux pas m’enlever ça de la tête. J’ai l’impression d’avoir déjà vu ce tatouage quelque part mais je ne sais pas où. Je quitte la maison de cette dernière. Après quelques heures de route, je me retrouve au théâtre, le regard vide. La dernière fois que j’ai dû faire face à la mort, c’était quand ma mère est décédée. J’étais trop petit pour me souvenir de quoi que ce soit. Je vais dans mon bureau et je regarde mes dossiers. Mon regard se pose sur des photos souvenirs de ma famille. Annoncer la mort de quelqu’un est la chose la plus dure à faire dans ce métier. Je prends le téléphone et j’appelle sa famille. Plus je parlais avec sa mère, plus elle pleurait. Cela me faisait horriblement de la peine. Le plus dur pour moi c’est de l’annoncer au reste de l’équipe. Mes sentiments sont partagés : d’une part, je ressens de la tristesse, de la culpabilité et d’autre part de la colère. Quand j’ai fait le serment de rentrer dans la police, je ne m’attendais pas à ce qu’un jour je sois chargé d’annoncer à une famille le décès de leur enfant. Je me tiens en face de tout le monde et, d’une voix tremblante, je leur annonce le décès de notre collègue Kaitlyn. Par respect pour les circonstances, je décidais de ne pas leur faire part des différentes découvertes de la scientifique. Tout le monde était choqué de cette révélation. Je leur ai demandé de rentrer chez eux car personne ne pouvait travailler dans cet état d’esprit. Le lendemain, j’ai reçu un mail m’informant de l’heure et de la date des obsèques de la jeune fille et j’ai transmis la nouvelle à tout le monde.
Au petit matin, le temps est bien pluvieux. J’accompagne toute mon équipe à l’enterrement de notre défunte collègue. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans ce genre de situation.
« Dans ce lieu où tant de défunts de nos familles ont précédé celle qui vient de nous quitter, tu as sanctifié Kaitlyn dans l’eau du baptême, donne-lui en plénitude la vie des enfants de Dieu, nous t’en prions, Seigneur. Kaitlyn, ici s’achève ton chemin parmi nous, mais ici même nous reviendrons pour nous souvenir, pour continuer avec toi, dans le même sens, ces années où nous avons marché ensemble dans l’espérance de la résurrection. Que notre sœur Kaitlyn repose dans la paix. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »
Après avoir déposé des pétales de roses sur son cercueil, je me dirige discrètement vers la tombe de ma mère. Je le fais dans le plus grand silence car je ne veux pas que les gens sachent que ma défunte mère est enterrée dans ce cimetière. Dans mon équipe, la seule personne qui est au courant c’est Madison. J’ai toujours l’habitude de parler à ma mère mais ce jour-là, je suis resté silencieux et de temps en temps, j’observais la cérémonie. Madison vient vers moi et sans dire un mot, elle me prend la main discrètement. Je n’ai pas fait attention à ce geste, je continuais d’être dans mes pensées. Le vibreur de mon téléphone me ramène brièvement à la réalité. Je décroche et je m’éloigne du cimetière. La communication est plus simple, courte et précise. Le président désire me voir dans les plus brefs délais. Je retourne au cimetière et je murmure à l’oreille de mon amie que je dois y aller en lui demandant de renvoyer chacun chez soi au terme de la cérémonie. J’entre l’adresse que la secrétaire m’a donnée dans mon GPS. Après deux heures de route, je me retrouve à la mairie. Le Président et le Maire m’attendaient impatiemment. Je leur serre la main et on se dirige tous les trois dans une salle de réunion de la mairie. J’étais beaucoup moins angoissé que la première fois. — Si je vous ai demandé de venir, c’est parce que j’ai appris le décès de votre collègue, je tenais à vous présenter mes sincères condoléances. De toutes les façons, je suis obligé de vous rappeler que vous avez accepté de diriger cette enquête et que j’attends de vous que ces nouveaux événements ne vous
empêchent pas de la mener à bien. — Je vous rassure, monsieur le Président, que nous avons plutôt bien avancé. Je suis d’ores et déjà en mesure de vous signaler que nous avons presque trouvé l’identité du complice de Baba Cool. Malgré cette perte tragique, je compte bien trouver un autre membre pour combler le manque au sein de l’équipe. — Monsieur Smith, presque n’est pas assez et je m’attendais déjà à avoir une enquête pratiquement résolue. Pour ce qui est du nouveau membre de votre équipe, le maire et moi-même nous vous supplions de bien vouloir reprendre votre frère, Joe, afin de travailler ensemble. — PARDON ? C’est mon demi-frère et il est hors de question qu’il vienne travailler avec moi, à moins qu’il n’accepte d’être SOUS mes ordres. Mais que ce soit bien clair, au premier faux pas, je le vire ! — J’en toucherai quelques mots au capitaine Carling et je vous promets qu’il n’y aura aucun problème, je m’y engage. — Une dernière chose, messieurs, vous savez que le capitaine est mon père biologique, or moi je ne mélange jamais le travail et ma vie privée, surtout familiale. Dorénavant, si vous voulez me voir ça sera dans mon bureau, au théâtre. Sur ce, la conversation vient de se terminer et je retourne à mes occupations personnelles mais avec tout le respect que j’ai pour votre jugement, j’espère que vous allez tenir votre engagement. Après cette conversation assez houleuse, je quitte la mairie. J’avais dit à Madison que j’avais donné le restant de la journée au reste de l’équipe mais je pense qu’une petite réunion de groupe s’impose avant de repartir. Je e chaque membre de l’équipe et je leur donne rendez-vous au théâtre sur le champ. Sur la route, je me ree les paroles du président en boucle. Je ne e pas de travailler avec mon demi-frère, mais je n’ai pas le choix. J’ignore si Joe va m’obéir? Certes, j’ai voulu retravailler avec lui mais je ne suis plus sûr de rien. Je pense que ma première grande peur c’est de savoir si les autres vont l’accepter? En deuxième lieu, est-ce que Madison va travailler avec lui ? J’aimerais connaître le futur pour pouvoir répondre à ses questions. J’arrive enfin, j’avais hâte d’y arriver, je voulais avoir du temps pour souffler un peu mais je dois enchaîner. Tout le monde était là, certains surpris, d’autres en colère. — Je sais que je vous ai donné la journée mais pendant la cérémonie, j’ai reçu
l’appel du président et j’étais obligé d’y aller. Pour ne rien nous cacher, demain une nouvelle personne intégrera l’équipe. Cette personne, vous la connaissez, il s’agit de Joe Smith. Je n’ai pas eu le choix, ce choix m’a été imposé à la fois par le maire et par le président. Croyez-moi, ça me peine de travailler avec lui mais il se trouve qu’on n’a pas assez avancé et qu’on a perdu suffisamment temps comme ça. Comme vous le savez, Joe fait partie de la police de la ville. Je leur ai dit que j’accepte qu’il vienne travailler à une condition, c’est qu’il rompe tout avec son précédent emploi. Donc, demain à 9 h, il sera là. Laissez tomber les formules de politesse avec lui, faites votre travail c’est tout ce que je vous demande. Pour aujourd’hui, vous avez deux possibilités, soit comme je vous l’ai dit vous rentrez chez vous pour revenir travailler demain, soit rester ici et rattraper le temps perdu. Pour être en franc avec vous, sachez que l’assassinat de Kaitlyn a malheureusement un lien avec Baba cool. Je vais tout de suite afficher le rapport de la police scientifique sur le tableau blanc qui est sur l’estrade. Puis j’irai er 10 minutes à mon bureau avant de revenir. Si vous êtes encore là, on se met tous au travail sinon je ne vais pas vous en vouloir, bien que légèrement déçu. Pendant ces 10 minutes, j’aimerais ne pas être dérangé. Prenez le temps de bien réfléchir à ce que vous allez faire. Bonne réflexion et à tout à l’heure. Je m’éclipse dans mon bureau et, une fois la porte fermée, je pousse un soupir mais un soupir qui vient du plus profond de mon corps. Je me jette sur une chaise. Je regarde quelques photos que j’avais pu prendre de l’équipe avant. Je remarque que je ne la connaissais pas tant que ça, mais c’était une personne qui faisait partie de mon équipe. Dans le é, il y a eu 150 personnes tuées par cet homme. Depuis le début de l’enquête, on est déjà à deux personnes tuées et on est loin, très loin, de le mettre définitivement en prison. La différence qu’il y a entre le é et le présent c’est que cette fois-ci il n’est pas seul, ils sont deux et ça va me poser un gros problème. Demain, on va se retrouver de nouveau à cinq personnes et je n’aurais pas le choix, je devrai les séparer en deux groupes : trois personnes sur le hacker et une avec moi sur Baba Cool.
Chapitre 4
Toi et moi !
Il est 6 h du matin, je me réveille avec la boule au ventre. J’appelle le room service pour er une commande. J’ai du mal à sortir de mon lit. Je vois le soleil à travers les rideaux. J’entends frapper à la porte de ma chambre, je décide d’aller ouvrir. L’employé de l’hôtel rentre avec le plateau du petit déjeuner et le dépose sur la table : « Je sais que le journal vous intéresse, je vous le mets à côté du plateau. Bonne journée, monsieur Smith ». L’avantage de vivre à l’hôtel c’est que les employés commencent petit à petit à comprendre tes petites habitudes. Je bois une gorgée je file à la salle de bain. Quoi de mieux qu’une bonne douche froide pour commencer cette journée. Depuis le décès de ma collègue, j’ai bien du mal à trouver le sommeil. Je fais beaucoup de cauchemars. Pourtant, on n’était pas proche. Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. Je prends ma tasse et je me mets sur le balcon. Je commence à siroter mon café tout en imaginant plein de choses. Ce qui est super c’est qu’il y a toujours du soleil et très peu de pluie. Je me pose quelques instants pour lire le journal. Je jette mon regard dans la rubrique faits divers, heureusement qu’il n’y a pas d’article sur l’affaire que je dirige. Nous sommes des incapables ! La conférence de presse n’a rien fait, ça va finir comme avant. Je le feuillette jusqu’à la rubrique décès. Je pousse un soupir et je le pose. Je prépare mon sac avec mes affaires pour la journée. 7 h, je sors de ma chambre et je me dirige vers le hall de l’hôtel. Aujourd’hui, il y a cette petite brise matinale. Je regarde dans le ciel, j’espère que cette brise ne se transformera pas en tempête. Je res le parking mais je traîne les pieds. J’arrive devant ma moto et je reste 10 bonnes minutes devant avec le regard vide. Un homme et une dame me saluent. Je me retourne vers eux et je leur souris. Encore 1 h 30 à tenir avant de retrouver mon demi-frère. Travailler avec une personne qui n’a pas envie de travailler ni de faire le moindre effort risque d’être compliqué pour moi, c’est mission impossible. Comment va-t-on y arriver ? J’enfourche ma moto et j’arrête de réfléchir pour me concentrer sur la route. Enfin arrivé ! Je suis évidemment le premier. D’un côté, ça m’arrange, j’avais encore besoin d’un peu de solitude. Quand je pousse la porte d’entrée, tout me paraît bizarre. J’allume puis un frisson m’envahit le corps. Je traîne les pieds
dans la pièce principale. Je monte sur l’estrade et je regarde ce que j’avais déjà affiché sur le tableau. Des notes se sont rajoutées, je n’arrive pas à savoir qui les a écrites. Il me semblait qu’hier, elles n’étaient pas écrites. Bref, je descends et je vais dans mon bureau, assis sur une chaise, je commence à regarder mes mails. 8 h sonnent, enfin ! Je vois arriver un homme avec de grosses santiags. Je sors de mon bureau et je vais à sa rencontre. On se regarde dans les yeux un long moment sans dire un mot. — Bonjour, je vois que tu as trouvé la bonne adresse et que je présume si tu es là devant moi c’est que tu as dû recevoir un appel de la mairie pour que tu viennes travailler ici. — Oui, c’est vrai, au début je ne voulais pas et puis j’ai réfléchi. De toute façon, je voulais quitter la police depuis longtemps, j’en ai marre de cette vie toujours en train de régler des enquêtes criminelles et tant de cadavres, ça commence à me lasser. Quand on m’a annoncé ton offre, je n’ai pas hésité. — Je n’ai pas eu le choix. Je ne voulais pas perdre plus de temps à trouver une nouvelle recrue. Après tout, tu es ici et c’est comme là où tu étais avant, il y aura toujours des « cadavres » mais beaucoup moins. Tu sais que ça sera le monde à l’envers. Je vais être ton supérieur. Est-ce que tu vas pouvoir tenir sachant que ton petit « frère » est ton supérieur ? — Je n’ai pas le choix, si c’est pour quitter la police, je suis prêt à tout et pour le reste je vais m’adapter. — Tu vas vite remarquer qu’ici c’est le travail d’équipe qui nous fait avancer. Nous sommes tous différents, certains ont des és compliqués et d’autres sont blessés. Notre pouvoir c’est cette différence. Je te demande juste une chose, tu vas retrouver Madison Cooper, c’est un atout très important pour l’équipe. Elle a beaucoup souffert dans le é quand nous sommes revenus. Elle ne mérite pas de subir encore nos erreurs du é. — Tu as changé, tu me bluffes. — Oui, je ne lui cache rien et comme tu le sais, j’ai deux enquêtes à traiter : Baba Cool et le hacker donc pour le moment, les erreurs de notre enfance restent dans le é.
— Très bien ! est-ce que l’amour reste aussi dans é ? — Peut-être !
Après cette discussion, je lui montre son bureau. Je sais que quand tout le monde va arriver, ils vont avoir une drôle de surprise.
Quelques minutes plus tard, tout le monde arrive dans le plus grand silence. Je me tiens devant l’estrade et je regarde mes collègues aller à leur poste. Madison me fait un sourire mais je l’ignore. Une fois que tout le monde est installé, je prends la parole. : « Chers collègues, chers amis, vous avez pu voir en rentrant aujourd’hui que nous avons une nouvelle recrue. Vous le connaissez, il vient de la police. Je vous présente Joe Smith. J’ai autre chose à vous faire savoir. Nous devons absolument avancer. Nous avons perdu bien assez de temps comme ça j’ai donc pris la décision suivante : Jacob, Madison et Joe, vous allez vous occuper du hacker et Matthew sera avec moi et on s’occupera du criminel. Chaque soir en fin d’aprèsmidi, on fera le point. Le but de cette main-d’œuvre c’est de trouver la solution le plus rapidement possible. Je me rappelle que la première fois, Baba Cool a tué 150 personnes. Aujourd’hui, déjà 2 personnes sont décédées et je ne tolérerai pas que cette ville compte plus de décès que dans le é. En conséquence, si le groupe 1 se débrouille bien, je suis sûr qu’on pourra mettre très rapidement la main sur ce hacker et boucler cette enquête au plus vite. » À chaque fois que je parlais, je regardais le visage de chaque personne, surtout la tête de Madison. Cette dernière fait une tête abominable je croyais qu’elle allait le fusiller sur place. Je la comprends, elle a toujours détesté Joe, travailler avec lui va être une véritable épreuve pour elle. Mais je n’ai pas le choix. Je vais dans mon bureau pour imprimer des documents. Je n’ai encore jamais vu l’équipe travailler dans un calme funèbre. Une fois que tout a été imprimé, je les distribue à tout le monde. — JE PEUX TE PARLER ? Je ne veux pas travailler avec Joe. — Écoute tu n’as pas le choix, c’est comme ça, je sais que c’est très dur mais ce
n’est que temporaire. — Je le sais, mais avec ce qui s’est é je me sens très mal à l’aise et je ne veux pas travailler avec lui. — Il n’avait pas le choix, on devait rentrer chez nous. Ce n’est pas sa faute. À cette époque, je n’étais pas très bien et je n’ai pas pu aller plus loin avec toi. Aujourd’hui, les choses ont changé et c’est moi qui décide de mon avenir et de l’avancée de cette enquête. Nous devons avancer le plus vite possible, alors au travail !
La jeune femme sort de mon bureau, très en colère et sans rien dire. Je la comprends, elle n’a pas du tout envie de travailler avec un homme qui ment comme il respire. Un manipulateur tout comme son père et un homme qui ne pense qu’à lui, un vrai égoïste. Si je commence à écouter tous les états d’âme de chaque personne, on n’arrivera jamais à rien. Pour la première fois, je me sens bien dans ma tête et dans ma peau. Je sens que je suis une personne qui sait ce qu’elle veut et ayant de fortes convictions. Je me mets à la vitre et je regarde les deux groupes se former toujours dans ce silence. Un silence trop silencieux. On n’est pas à un enterrement. Je sais ce qu’il manque. Je décide de sortir et de monter sur l’estrade pour afficher quelques nouvelles concernant les deux équipes. Je place mes documents et je me retourne. Je dois trouver quelque chose pour les motiver. Je m’assois au bord de l’estrade et je pose mon regard sur mon téléphone. J’ai une idée, je ne sais pas si ça va fonctionner mais j’y pense fortement. Je commence à mettre de la Culture Club et le rythme m’embarque. Discrètement, les visages commencent à se délier. Je pouvais voir leurs sourires, tout le monde avait le swing dans la peau. Bingo ! Une équipe comme je les aime. « Vous voyez, travailler c’est comme la musique, au début c’est compliqué et par la suite ça devient plus simple et rapide. » Je laisse mon téléphone avec la musique. Je vais à l’extérieur pour aller fumer une petite cigarette et prendre du soleil même s’il y a toujours cette petite brise. Plongé dans mes souvenirs, j’imagine comment est Baba Cool. Jacob vient vers moi, me tend mon téléphone et me dit qu’il n’a pas arrêté de sonner. Je regarde, il y a plein d’appels d’inconnus, mais aucun message. Je me demande bien qui c’est. « Tu sais ce que je vais acheter, une radio comme ça, tu pourras garder ton téléphone ». On s’est mis à rigoler. Après avoir écrasé la cigarette et jeté le mégot, je retourne avec les autres.
L’équipe 1 est sur le départ car ils ont une piste pour retrouver Isidore le hacker. D’après une information, quelqu’un l’aurait vu traîner dans un café. Ce qui est tout à fait normal vu que la plupart des cafés ont une connexion internet. Soudain, mon téléphone s’est remis à sonner, toujours en numéro masqué. Je décroche et tout ce que j’entends c’est une forte respiration, ça m’intrigue de plus en plus et ça commence à m’agacer. Je demande à Matthew de m’accompagner pour aller patrouiller dans la ville pour montrer à la population que nous sommes toujours là. Après quelques heures de route, on décide de se garer aux portes d’un parc. Je reçois encore le même appel mais cette fois la personne au bout du fil m’a juste dit une phrase : « TU NE ME TROUVERAS JAMAIS ». Je comprends que cette personne est Baba Cool. Ça commence à me mettre dans une colère noire, je sors du véhicule et je claque la porte si fort que je fais s’envoler quelques oiseaux qui étaient dans un arbre au-dessus de nous. Je vois apparaître des personnes qui arrivent vers nous en courant. Elles étaient affolées comme si quelque chose leur faisait peur. « Un MONSTRE, il y a un MONSTRE dans votre parc ». On sort nos armes et on pénètre dans le parc. « Matthew, tu vas à gauche et moi je vais tout droit et on communique par radio ». Je continue à avancer quand soudain mon cœur s’est mis à battre de plus en plus fort. À 100 mètres de moi, je vois un homme de taille moyenne qui se tenait devant moi. Je n’arrive plus à avancer, je ressens comme une sensation étrange. Je n’arrive plus à parler ni à faire quoi que ce soit. « Police, identifiez-vous ». Rien ne se e. L’homme s’avance vers moi et je découvre enfin. Je n’arrive pas à y croire c’est… c’est Baba Cool. On se regarde droit dans les yeux, je tiens mon arme d’une main ferme mais je suis comme paralysé face à cet homme. — Te voilà dans ce lieu. Tu ne me connais pas mais moi je te connais très bien, petit homme. — BABA COOL, enfin on se trouve. — Ha, ha ! petit homme, tu as peur, je le vois dans tes yeux. Ta mère aussi avait peur, ses mains tremblaient tellement qu’elle ne pouvait pas me tirer dessus. C’est ton père qui m’a foutu une balle et j’ai aujourd’hui cette belle cicatrice sur mon visage et je compte bien avoir ma vengeance. — Vous avez tué plus d’une centaine de personnes dans cette ville. Comment osez-vous revenir après tant de souf et tant de désespoir ?
— Ha ha ! Tu as encore tant de choses à apprendre de la vie. Prépare-toi, petit homme. Trêve de bavardage, je vais te tuer, et je vais en finir une bonne fois pour toutes avec ta famille. Ton père et après toi. Mais comme tu es ici, je vais commencer par toi. Voyons, pour ta mère ça a été une balle en plein cœur et je trouve cela trop rapide. Mais toi tu es si pathétique qu’une balle en pleine tête serait la meilleure solution. Tout devient calme et silencieux. Je n’arrive pas à reprendre mes esprits. La fin est proche. Cet homme aura sa vengeance et moi je n’aurais pas été à la hauteur de cette ville. Il tourne autour de moi comme si j’étais un bout de viande. Je ressens une profonde colère, mais je ne suis pas assez fort pour la sortir de moi. Des pas arrivent vers moi et je vois apparaître mon collègue. « N’AVANCEZ PAS, C’EST BABA COOL ! » À cet instant précis, Baba Cool se tourne vers eux et pointe son arme. Ça m’a fait comme un électrochoc, hors de question pour moi qu’ils meurent pour cette histoire qui concerne le meurtrier et moi. Je ferme les yeux juste quelques secondes. Des images défilent puis tout est mélangé dans ma tête. Je comprends que c’est moi qui dois le tuer. Toute cette histoire doit se terminer maintenant. Je reprends mes esprits tirant un coup de feu en l’air. « Tu veux en finir avec le é ? Je suis d’accord mais à une condition : une balle pour un coup ». Il s’avance vers moi et me fixe : « Je me suis trompé, tu es comme ton père avec ce culot qui me rend malade. Ça sera un jeu d’enfant de te tuer ». On prépare nos armes. On y glisse qu’une seule balle à l’intérieur. Matthew reste en arrière. Je lui demande de ne pas intervenir car ça me concerne personnellement. Cela doit finir comme ça a commencé. On se retourne de quelques pas. Nous sommes dos à dos. Je vais venger ma mère de ce crime qui lui a coûté la vie. La pression monte.
« JE NE SUIS PAS COMME MON PÈRE ! »
« MEURS ! »
Le bruit du coup de feu retentit et les autres s’écriaient : « Michäel, NONNN ! »
J’ai froid et je ne ressens plus rien. C’est bizarre, tout devient sombre autour de moi. Je n’entends plus rien. On m’a toujours dit que quand on meurt on voit une lumière blanche, mais là je ne vois rien. C’est tout noir et glacé. Je n’ai pas mal. Je pense à ma douce Madison et à mes amis. J’ai de plus en plus froid. Tout devient sombre et sinistre. Est-ce que c’est ça mourir ?
Chapitre 5
Vivre sans jambes
Je me réveille une semaine plus tard, je me trouve dans un lit d’hôpital. J’ai du mal à réaliser ce qu’il s’est é. Je ne m’attendais pas à être toujours en vie. Je suis branché de tous les côtés. « Bonjour, monsieur Michäel Smith, je vois que vous êtes enfin réveillé, je vais appeler vos amis pour qu’ils viennent vous voir ». Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je peux à peine tourner la tête. Je n’arrive pas à parler. Mon corps me fait souffrir. Quatre personnes font leur apparition, ce sont mes collègues ou devrais-je dire mes fidèles amis. Madison me tient la main et m’embrasse sur la joue puis verse quelques larmes. Mon demi-frère était là aussi, plus en retrait que les autres. Les voir en pleine forme me réchauffe le cœur. Je voudrais leur dire plein de choses mais je ne peux pas m’exprimer. Un médecin vient me voir et regarde les constantes. Tout est excellent. Il donne l’ordre à une infirmière de m’enlever le tube que j’ai dans la gorge. Pendant que cette dernière le fait, mes amis sortent de la pièce quelques instants. Je ne sais pas ce qui va se er. L’infirmière me rassure et me dit que tout ira très bien, que je vais juste sentir des picotements quand le tube sera enlevé et que j’aurais envie de tousser. Je ferme les yeux et quelques secondes plus tard, je sens un profond soulagement, les poumons reprennent leur fonction, je sens ma respiration. Ce sont des petites choses de la vie mais j’ai eu quelques larmes qui ont coulé au long de mes joues. Je me pose toujours un tas de questions. Tout le monde revient dans ma chambre. « Qu’est-ce qui s’est é ? » tout le monde se regarde dans les yeux. Finalement, c’est Joe qui prend la parole. — Il y a 8 jours maintenant, tu t’es trouvé nez à nez avec Baba Cool et je dois bien dire que tu as été très imprudent. Enfin ! je n’étais pas là, c’est Matthew qui m’a annoncé qu’on t’avait tiré dessus puis il a alerté les secours. D’après ce que j’ai vu, tu as dû le toucher à l’épaule mais lui il ne t’a pas loupé, sa balle, tu l’as reçue dans le dos. Tout le monde pensait que tu étais mort et moi le premier. Un vrai miracle que tu sois toujours en vie. Ils t’ont opéré en urgence. L’attente a été interminable, surtout pour Madison qui a dû tout le carrelage de la salle d’attente. Le chirurgien est venu à nous pour nous annoncer un gros problème. Soit je sauvais tes jambes soit je sauvais ta vie. J’ai choisi ta vie. On peut vivre sans jambe et je sais que tu vas vite revenir travailler. Tu n’as pas le droit de
nous laisser tomber. C’est moi qui m’occupe de tout pour le moment, mais je ne vais pas le faire très longtemps. Je le regarde et je ne dis pas un mot. Il y a des choses dans ce qu’il m’a dit qui me choquent. La première chose concerne mes jambes. C’est vrai que je ne les sens plus. — Est-ce que mes jambes sont paralysées ? Jacob va chercher le médecin. Ça serait mieux que ce soit lui qui réponde à ce genre de question. Le médecin entra dans ma chambre et son air était moins gai. — Je suis paralysé ? — Oui, vous êtes paralysé des parties basses, on préfère dire paraplégique. La balle que vous avez reçue s’est logée dans la moelle épinière, cela a fait beaucoup de dégâts dans votre dos. On a dû prendre une décision très importante. Après avoir consulté votre frère, on a décidé de vous sauver la vie mais pas vos jambes. — Sans mes jambes, je ne suis rien et sans vie, je serai mort. Je suis sous le choc. Comment vais-je correctement faire mon travail ? Tout tourne dans ma tête. J’arrive plus à me concentrer, je commence à avoir des convulsions. Le médecin demande à tout le monde de sortir et de me laisser me reposer. Au loin, j’entends le téléphone de Joe sonner. Trop dur de réfléchir, je m’endors. Dans mes pensées, je me revois et je me demande ce que sera ma vie sans mes jambes et je ne conçois pas ça comme une bonne nouvelle. J’aurais préféré mourir. Je suis si fatigué, toutes ces nouvelles m’ont vidé l’esprit.
Pendant ce temps
Madison n’a pas apprécié la façon dont Joe a parlé à Michäel tout à l’heure. Elle a trouvé qu’il manquait de tact envers son demi-frère. Cette dernière a bien du
mal à se concentrer dans son travail. Hailey la réconforte comme elle peut mais ce n’est pas toujours aussi simple. Pour Madison, il était plus que clair que si elle voulait que cette équipe tienne, il fallait qu’ils perdent une enquête. Elle se lève et avant de sortir elle e devant Joe en lui faisant les gros yeux. Dans un réflexe, il lui attrape le bras et lui dit : — Qu’est-ce qui se e ? Depuis qu’on est revenu, tu es bizarre. — À ton avis, tu as vu comment tu lui as parlé ? Il a dû en avoir plein la tête, ça a dû lui faire un choc. — Plus tôt il va apprendre qu’il est handicapé, mieux ça sera pour nous tous. — Il est grand temps que ça change, crois-moi, tu diriges cette équipe mais je ne te laisserai pas faire pour les enquêtes. Je vais voir le président et il va y avoir du changement. — Je te l’interdis ! — C’est ce qu’on verra.
Tout le monde est choqué par cette discussion. Joe ne s’attendait pas à ce retournement de situation. Il ne l’a pas connue comme ça. Décidément, il va de surprise en surprise tous les jours avec eux. La pression monte d’un cran pour la jeune femme qui n’a jamais mis les pieds à l’hôtel de ville et qui n’a jamais vu le président. Elle arrive devant, elle sent son cœur battre la chamade, un garde vient la voir et lui demande : « Puis-je vous aider ? ». Quand elle reprend ses esprits, elle dit : « je suis madame Cooper Madison et je désire voir le président au sujet de l’enquête confiée à l’agent Smith. » Il s’écarte et elle entre dans l’immense cour. Elle n’en revenait pas. Tant de choses à regarder en ces lieux. Les mille couleurs de ces fleurs donnent ce paysage magnifique. De grands arbres, sans doute centenaires, donnent énormément d’ombre. Plus elle avançait, plus elle ne savait où donner de la tête. Elle s’imagine en robe de mariée en compagnie de Michäel. Sans doute un rêve de petite fille. Son rêve fut vite arrêté quand une secrétaire lui demanda ce qu’elle faisait là. Elle dit la même chose qu’avec l’autre homme. Cette dame l’escorte jusqu’au cabinet du président. Elle entre et s’assoit. Quelques minutes èrent et un homme vient à elle. Elle se lève et lui serre la main.
— J’ai appris la tragédie qui vous touche, mademoiselle Cooper, j’espère que monsieur Smith sortira bientôt de l’hôpital. Je suppose que si vous êtes ici, c’est pour m’annoncer de mauvaises nouvelles ! — Merci pour votre comion. Oui, travailler sans M. Smith est très compliqué à la fois pour moi mais aussi pour toute l’équipe. Nous n’avons plus cette cohésion et nous n’arrivons pas à travailler correctement d’où ma venue. Les nouvelles ne sont pas bonnes ! Avant cet accident, Michäel a réussi à former une certaine dynamique au sein du groupe. Il n’a pas fait grand-chose, mais juste des petites choses qui font du bien. Cette enquête que vous lui aviez donnée lui a causé cet accident. Baba Cool ne voulait pas détruire l’île mais se venger et il a bien failli réussir. Nous mettre en plus sur la piste d’Isidore le hacker est brillant mais pas très intelligent. Monsieur, je ne viens pas vers vous pour vous dire tout ça mais pour vous dire que depuis que Joe Smith a pris la relève tout a changé. Plus rien n’avance. Il est complètement perdu. Tout le monde voit que ce n’est pas comme avec Michäel et moi la première. Je ne peux pas travailler comme ça et je pense qu’il serait préférable de se séparer de l’enquête sur le hacker. — Il me semble que Michäel m’avait déjà fait cette requête mais à ce moment, je ne l’avais pas écouté. Joe Smith est une personne avec un fort caractère mais jamais j’aurais pu penser qu’il puisse abandonner l’affaire. Cette fois, je vais faire de mon mieux pour vous aider. J’envoie dessus un mail au Capitaine Carling pour la reprise de l’affaire du hacker. Encore une fois, je suis de tout cœur avec vous deux. Je sors de la mairie soulagée mais pas totalement. Avant de quitter définitivement l’équipe, il me reste encore une chose à faire. Il est hors de question de continuer comme ça. Joe doit apprendre à gérer ses responsabilités. Après quelques heures de roulage, je me retrouve devant les portes du théâtre. Je prends mon courage à deux mains et je fais mon entrée. — JOE, PAS SI VITE ! Le président nous a retiré l’enquête sur le hacker et il va la donner à une autre personne. J’espère que maintenant tu vas pouvoir reprendre ou Michäel s’est arrêté. — Je ne suis pas Michäel, ce n’est pas mon équipe ! Je vais faire comme j’ai envie mais je ne suis pas comme lui et ça tu dois le comprendre, si ça te dérange, tu sais où est la porte.
— Ne t’en fais pas, je n’ai pas changé d’avis ! je m’en vais, si tu veux me parler, tu sais où me trouver. Je quitte l’équipe et je reviendrai quand il reviendra. Je l’aime et je l’ai toujours aimé malheureusement les choses ont fait que notre amour de jeunesse n’a pas pu tenir. Une très longue distance qui a fait naître une trahison. Oui, je l’aime ! est-ce un crime ? Est-ce qu’une femme peut aimer un homme ? Qui peut me dire si son cœur va devenir à moi ? Je suis perdue sans mes sentiments et mon travail. Le voir dans un fauteuil roulant me brise le cœur. Si jeune et si vif, comment la vie peut-elle être si injuste ? Puis-je aimer une personne ainsi ? Pourrais-je le er ? J’en ai discuté avec une amie qui m’a raconté sa douloureuse histoire avec son copain.
« Mon copain est hémiplégique. Il a eu un AVC qui a entraîné une paralysie d’un côté du corps. Cette paralysie est surtout visible sur l’un de ses bras et une main raide, ce qui complique la saisie d’objets. La jambe n’est pas aussi handicapée que la main mais il boite légèrement. Il a très rapidement balayé mes questions, que je n’osais pas lui poser de peur de paraître bête ou indiscrète, en m’assurant que non, il n’y avait pas de “problème” de ce côté-là. C’est un apprentissage du corps de l’autre, contraint certes, mais important avec n’importe quel partenaire que ce soit. À titre personnel, devoir s’adapter à la mobilité réduite est un jeu entre nous, un jeu avec notre sexualité. C’est un partage. Au départ, je n’étais pas très à l’aise avec le fait de parler sexualité avec lui. Avec le temps et le fait qu’il verbalise vraiment beaucoup (qui n’est pas dû à son handicap, c’est sa manière d’être en général), on parle plus de nos désirs. J’ai toujours voulu avoir des enfants, aujourd’hui nous avons une très jolie petite fille de cinq ans. Avoir peur de la différence du handicap c’est normal. Tu l’aimes, tu ne dois pas en avoir peur, cela ne va pas te faire du mal, ça va juste te faire réfléchir ! »
Elle a raison, je l’aime et je continuerai à l’aimer même s’il est dans un fauteuil roulant.
Chapitre 6
Je t’aime
Elle a quitté son travail pour venir me retrouver. Je ne comprends pas pourquoi elle a fait une chose aussi stupide. Je commence à faire des séances de kinésithérapie pour travailler la musculation de mes jambes. D’après le médecin, je ne vais plus jamais remarcher, mais je dois entretenir quand même mes muscles. Quand je n’ai pas tous ces rendez-vous avec les médecins, je me retrouve seul dans cette chambre blanche et froide. En colère contre le monde entier, je me venge en écrivant ma colère sur des calepins. J’ai touché Baba Cool mais où ? Où est ce meurtrier ? Une envie de lui faire la peau me ronge. Ce sentiment que je n’ai jamais ressenti. Je ne suis pas comme ça, mais ne plus pouvoir marcher, voir le regard des autres et toutes ces petites choses m’ont fait changer. Parallèlement, je me demande bien comment se débrouille mon demifrère. J’attends avec impatience Madison, une telle distraction est toujours la bienvenue. C’est très facile de discuter avec elle. Elle est si douce et juste. Quand je l’ai revue, j’ai remarqué qu’elle n’a pas changé depuis toutes ses années. Je l’ai toujours aimée. On dit que le premier amour est le bon, le plus sincère. Je pense que c’est vrai. Mais est-ce qu’elle va pouvoir aimer une personne comme moi ? Je suis difforme dans ce fauteuil et ça me rend triste. Ce jour-là, je trouve ses merveilleux yeux remplis de larmes. Je lui demande si c’est à cause de moi. Elle me dit NON d’un signe de tête. J’ai peur de lui poser la question. Je ne e pas de la voir si triste et si mélancolique. Je me rappelle avoir déjà entendu parler d’un endroit où on pouvait prendre le soleil tout en restant à l’hôpital. Je viens d’avoir une très bonne idée. « Viens avec moi, je vais te montrer quelque chose ». Elle me suit sans dire mot. On va au cinquième étage. Je rentre dans un petit jardin d’extérieur très bien arboré avec de très jolis bancs. Je lui demande de s’asseoir. Elle prend place en face de moi et on se regarde dans les yeux : — Je ne e pas que tu sois triste. Je sens qu’aujourd’hui il y a quelque chose qui ne va pas. Tu m’as dit que ça ne vient pas du travail, mais au fond de moi je sens que c’est le cas. Je t’en prie, Madison, que se e-t-il ? — Ô, Michäel ! je ne peux pas te le dire. Tu as trop de soucis comme ça.
— Je t’en prie, tu es ma seule et véritable amie je tiens à toi. Tu as toujours été là pour moi durant tout ce temps. Jamais je n’aurais pensé une chose comme ça. Madison, je dois te dire une chose, je t’aime ! je t’ai toujours aimée même quand nous étions adolescents. À cette époque, j’étais bête et stupide j’avais trop peur de te le dire. Au fil des années, il me manque ta présence. Je suivais ton actualité. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de me cacher, j’ai envie de te dire « je t’aime » je comprendrais que tu partes après ça mais j’avais besoin que tu le saches. — Michäel, je… je ne sais pas quoi dire, tu me compliques les choses. Faisons les choses dans l’ordre. Je ressens la même chose que toi. Je ne partirai pas parce que je tiens à toi. Je t’aime depuis des années, cela me fait du bien de savoir que tu ressens la même chose que moi. Mickaël, je ne peux pas te cacher la vérité plus longtemps. Joe n’arrive pas à gérer les deux enquêtes à fond. L’enquête d’Isidore on ne l’a plus mais il reste celle de Baba Cool. J’ai démissionné car je ne peux pas continuer avec cet homme. J’ai fait un effort, tu sais, mais c’était trop dur.
— Cela ne m’étonne pas ! laisse-moi un peu de temps, je vais trouver une solution, mais pour le moment je commence à être fatigué. Madison me pousse jusque dans ma chambre. Sans crier gare, on s’embrasse longuement. Ce baiser fut un baiser délicieux. « Je te laisse te reposer, je reviens plus tard ». Elle a retrouvé le sourire. J’ai toujours su qu’elle et moi nous allions finir ensemble. À ce moment, j’ai oublié ma différence. Je sais qu’elle sera toujours là à chaque moment de ma vie. Je me pose avec le cœur lourd. Je ferme les yeux quelques instants. Je me réveille quelques heures plus tard avec une très forte sueur et une douleur dans la poitrine. « Monsieur Smith, tout va bien ? Vous venez de faire une forte crise de tachycardie ». J’ai du mal à reprendre mon souffle mais ça va, je suis toujours vivant. Je remarque que ma douce est là. Je lui serre la main : « j’ai trouvé une solution ! Je vais retourner au travail dans trois jours. Tu verras, tout va bien se er », dis-je tout essoufflé. Elle me fit de gros yeux et les baissa. Elle se leva et alla parler avec le médecin. — Docteur, pensez-vous qu’il sera possible qu’il retourne travailler ? — Pompier, policier voire ambulancier reprennent le travail trop vite et je les
retrouve avec des problèmes bien plus tard. Dans son cas, il est sorti d’affaire. Et oui, il peut retravailler mais il faut juste qu’il continue sa rééducation et qu’il prenne son traitement comme il le faut.
Elle revient me voir un grand sourire aux lèvres : « Dans trois jours, tu vas travailler et dès demain tu viens habiter chez moi ». Je n’ai pas mon mot à dire. Ça va me faire bizarre de vivre avec une personne. J’avais l’habitude d’être et de dormir seul. Plusieurs questions arrivent d’un coup. Je ne peux pas y faire face car elle est déjà partie. Je regarde ma montre, je remarque l’heure tardive. Une infirmière m’apporte mon dernier souper. Je n’ai pas faim, trop de bonnes nouvelles m’ont coupé l’appétit. Il me tarde d’être déjà demain 11 h.
Chapitre 7
Nouvelle vie
Dans quelques heures, je vais vivre avec ma douce et tendre. Mon amour, ma vie. Que de mots mais aucun pour décrire ce que je ressens. Je me pose un tas de questions : « Comment c’est chez elle ? Est-ce que ça sera adapté à mon handicap ? ». Des questions simples mais qui ont toute leur importance pour moi. Je comprends bien que je ne peux pas continuer à vivre à l’hôtel, mais notre relation débute à peine et je ne veux pas brûler les étapes. Je la vois arriver dans ma chambre. Une infirmière et le médecin viennent me rendre une dernière visite. On me donne un tas de documents. Le médecin nous explique la démarche à tenir. J’ai les mains moites et le cœur qui bat la chamade. Je suis heureux, heureux de quitter l’hôpital, heureux de vivre avec elle, heureux de me sentir vivant et heureux d’être un homme libre. Une fois sorti de l’hôpital, on se regarde : « Je te propose d’aller à la maison pour t’installer dans ta chambre et après on verra la suite ». On m’aide à m’installer dans sa voiture. J’angoisse de plus en plus. Je ne sais plus quoi faire. Je voudrais fuir le plus loin possible. Être un adulte c’est faire des choix et certains choix sont plus ou moins difficiles que d’autres. Elle se gare devant un petit pavillon résidentiel. Puis elle sort de la voiture et va ouvrir la porte de chez elle. Elle vient vers moi et m’aide à m’installer dans mon fauteuil. Je la suis à l’intérieur de la maison. L’accès est simple, pour le moment, je n’ai aucun problème pour me déplacer. Je reste estomaqué devant cette magnifique décoration. Je me dirige vers les photos posées sur une étagère. Je me suis reconnu quelques années plus tôt en compagnie de nos anciens amis. — C’est le bon vieux temps ! — Oui, comme tu dis. Ta chambre est au fond du couloir à gauche. Si tu as besoin d’un coup de main, je vais au salon er des coups de fil. — Attends, comment ça se fait que cette maison soit adaptée à mon handicap ? — Personne n’a été au courant de cette partie de ma vie. J’avais une sœur tétraplégique. Je n’étais pas très sympa avec elle. Quand j’ai eu l’occasion de me racheter, j’ai aménagé ce pavillon pour qu’elle puisse se débrouiller. Elle m’a
quittée il y a une bonne dizaine d’années mais je n’ai rien enlevé. Je me suis dit que devenir une famille d’accueil pour personnes en handicap lourd pourrait être une autre idée pour combler ce manque. — Toutes mes condoléances.
Elle me sourit et elle s’éloigne. Je pensais qu’elle serait plus collante que ça mais non, elle me laisse respirer. Ça me fait plaisir. Cette maison est super, je peux me déplacer dans toute la maison sans avoir besoin de quelqu’un pour m’aider. Je rentre dans ma chambre. Je regarde de tous les côtés et je ne vois pas de vêtements de femme. Je pense que ça doit être la chambre d’amis ou la chambre de sa sœur. Je fais demi-tour et je pars la redre. Elle a fini avec le téléphone. Je quitte mon fauteuil roulant pour prendre place à côté d’elle sur le canapé.
— Tu m’as donné la chambre d’amis ? — Pour moi, c’était logique, on s’aime mais je ne suis pas prête à partager mon lit. Je suis restée quelques années seule et sans relation sérieuse. J’espère que tu me comprends. — Oui c’est pareil pour moi, prenons notre temps. Je m’approche d’elle, nos nez se touchent. Nos souffles s’accélèrent. Je lui donne un baiser, elle me le rend. On s’enlace tendrement. Des murmures d’amour arrivent tendrement. Une pendule cassait ce moment charnel. L’heure du dîner sonne.
Elle se retire de mes jambes et après m’avoir donné un ultime baiser, elle me quitte pour redre la cuisine. Sans elle, ma vie est si monotone. Comment aije pu er tout ce temps sans elle ? Tout ce temps perdu. Je regarde mon téléphone, le seul endroit où je trouve les actualités de la ville. Je pousse un profond soupir : « Après avoir mangé, je voudrais aller au théâtre, si tu es d’accord ». Cette dernière ne me répond pas tout de suite. Entre deux plats, elle me dit.
— Je comprends que tu veux y aller mais je pense que tu dois rester tranquille pour aujourd’hui. — Je dois aller voir ce désastre par moi-même. J’ai é trop de temps loin du travail et j’ai besoin de m’occuper l’esprit. — Très bien, je t’y amène. Pendant que tu seras sur place, je vais à l’hôtel pour récupérer tes affaires et payer ce que tu dois. — Très bien, merci, tu es un amour. Elle rougit et finit son déjeuner. Une fois le repas terminé, je l’aide à débarrasser. Je suis stressé et impatient de retrouver les autres. Ils ne vont rien comprendre. Tout le monde me pense toujours hospitalisé. Ça va me faire drôle de voir leurs têtes. Nous sommes enfin prêts, ça me gêne qu’elle soit à ma disposition. Depuis tout jeune, je me suis débrouillé seul et maintenant j’ai besoin d’une personne pour m’aider. Je vais observer l’évolution de la situation. Arrivée au théâtre, elle m’aide à descendre. Elle me regarde et quand elle voit que je tiens à me débrouiller tout seul, elle part de son côté. J’appelle Joe au téléphone pour qu’il vienne m’ouvrir. J’entends ses pas et il ouvre la porte. Il reste sans voix et me regarde sans rien dire. Jacob vient me voir en premier : « tu es sorti, c’est une excellente nouvelle ! ». Puis tous les autres viennent à moi et me posent des questions. Ça me fait très plaisir. Je rentre et je vais dans mon bureau. Joe reste toujours silencieux. Le silence se brise quand je commence à prendre des dossiers. — Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es plus à l’hôpital ? — Non je n’y suis plus, ce n’est pas ce que tu voulais ? — Si bien sûr, mais personne ne l’a su et je n’ai pas… — Madison m’a tout raconté. Comment tu peux faire une chose pareille ? — Je sais que l’enquête Baba Cool est très importante pour toi, mais je ne suis pas comme toi. — Quand tu m’as dit que tu t’occupes de tout, c’était un mensonge ? — En quelque sorte, je voulais que tu réalises qu’on avait tous besoin de toi. Il
ne fallait pas que tu nous oublies mais j’ai très mal géré la situation. Si demain à 18 h je ne donne pas des résultats positifs, tout sera fini et Baba Cool va pouvoir faire ce qu’il veut de la ville. — Je suis revenu et il nous reste un peu de temps pour arranger cette erreur mais je te préviens, il va falloir travailler dur. Je peux compter sur toi ? — Oui, bien sûr !
J’avais une douleur lancinante dans ma poitrine et mes mains tremblaient. Cette balle a causé de gros dégâts dans mon organisme. Je ne peux pas en parler de peur de me voir retirer l’enquête. Je dois faire tout mon possible pour soulager mes douleurs. Je vais essayer de faire de mon mieux pour tenir jusqu’à demain 18 h. Madison me ret au bureau et je lui fais part de tout le travail qu’on va faire afin de pouvoir continuer dans cette enquête. Elle ne s’imagine pas tout ce qu’il reste à faire. Après quelques heures de discussion, elle part à son bureau. Je pars dans des recherches pour mieux travailler ensuite. Je lis le compte rendu de l’accident. Plus je lis, plus j’ai du mal à me concentrer. Quand j’arrive au moment le plus critique, je ressens une terrible douleur dans tout mon corps. Je comprends à cet instant, que je ne pourrai pas continuer comme ça. Cette douleur devient inable et me monte à la tête. Il y a quelques années, quand j’étais encore fonctionnaire de police, une équipe avait arrêté un trafiquant de drogue. Cela me donne une idée. Je convoque Joe dans mon bureau. Ce dernier arrive rapidement et prend place en face de moi. — Tu m’as appelé, qu’est-ce qui se e ? — Tu pourrais me remplacer 3 heures j’avais oublié un rendez-vous médical ? — Tu te fous de moi, tu viens à peine d’arriver et tu veux déjà partir ? — Je te demande juste 3 heures, c’est pas la mer à boire. — Bon, d’accord.
Je me dirige vers la sortie, Madison me regarde avec étonnement. Joe vient vers
elle « je ne sais pas quelle mouche lui a piqué mais il a un sacré culot ». Je sais que c’est près de la gare qu’il y a un squat donc beaucoup de trafiquants de drogue. Je n’ai que trois heures pour y aller. Un bus s’arrête et une pente apparaît. Je ne savais pas que les transports en commun pouvaient transporter des personnes en fauteuil. J’arrive à la gare et je me dirige vers le squat. Je vois une femme adossée à un arbre. Je cache mon arme et mon badge et je vais vers elle.
Elle me conduit dans une ruelle et un groupe d’homme sort de la pénombre. L’un des membres me tend un sachet de gélules de cocaïne et me donne des instructions. Une fois la transaction faite, je pars redre l’arrêt bus. Mes douleurs reviennent, sans hésitation je prends deux comprimés. Le soulagement est immédiat. J’arrive au théâtre avec 15 minutes d’avance. J’appelle Joe et il vient m’ouvrir. « Tu vois je suis toujours vivant ». Je e devant les autres puis je m’enferme dans mon bureau. Je suis enfin soulagé de cette douleur et je peux donc me mettre au travail. Je retourne à mes comptes rendus. Cette fois, j’arrive à lire jusqu’au bout. La scientifique a analysé la balle qui m’a rendu paraplégique, mais rien de très glorieux, une balle issue sans doute des armes courantes. Je commence à désespérer, je ne sais pas comment nous pourrons garder cette enquête. Je n’ai pas le début d’une piste, tout ce que je sais c’est qu’il veut se venger de ma famille. Ce n’est pas suffisant pour maintenir cette enquête ouverte. Je me réinstalle dans mon fauteuil roulant et je me dirige vers le reste de mon équipe. Je veux plus mais c’est le grand blanc, je ne sais pas quoi dire. Pourtant j’ai é du temps à examiner le dossier d’A à Z mais je ne sais pas comment je vais bien pouvoir continuer. Il y a une puissance légère, je me sens tout petit. Cette sensation d’être différent des autres me fait aussi me sentir mal mais ce n’est pas la même douleur que celle de tout à l’heure. Je reprends mes esprits et je leur dis : « Après en avoir discuté avec Madison, je n’ai malheureusement pas de solution. Je ne sais pas où se cache Baba Cool. La scientifique a examiné la balle qui m’a touché et ils n’ont rien trouvé. Je tenais à vous informer que pour le moment, je n’ai pas encore trouvé de solution. Nous avons jusqu’à demain 18 h pour former un très bon dossier à présenter. Je reste ouvert à toutes les propositions possibles, même les plus stupides. Vu l’heure tardive, je vous laisse rentrer chez vous et si dans la soirée vous avez des propositions à me donner, vous pouvez me dre par téléphone. On se retrouve demain à 9 h en espérant que la nuit porte conseil. ».
Tout le monde prend ses affaires et quitte son lieu de travail. Je me retrouve seul avec Madison. — On y va ? — Oui, je vais chercher mes affaires et on y va mais je voudrais m’arrêter sur la jetée, j’ai besoin de me ressourcer. — D’accord, aucun problème !
On arrive au bord de mer, je regarde les vagues se fracasser contre les rochers, les mouettes attraper les poissons, le soleil couchant et son reflet dans l’océan. Je ferme les yeux et je sens la brume sur mon visage. Ce paysage me fascine et me fait penser à beaucoup de choses. Je repense à cette douleur que j’ai eue tout à l’heure et qui m’a bloqué et terrifié. Devoir mentir à Madison pour pouvoir vivre sans douleur. Jusqu’à maintenant, jamais je n’aurais pensé que me droguer aurait été la meilleure solution mais j’ai tellement mal et je sais que personne ne réussirait à me comprendre. Les mots de mon demi-frère reviennent en mémoire. Madison arrive vers moi et me tient la main « je te promets, Madison, que quand tout sera fini tout deviendra plus simple ». Nous faisons demi-tour, j’avais hâte de retrouver le lit. Je n’avais pas fini mais, pour ne pas éveiller ses soupçons, je reste souper avec elle. Le souper terminé, je l’embrasse et je vais me coucher. Je reprends deux autres comprimés ils apaisent mes douleurs et je m’endors les larmes aux yeux.
Chapitre 8
18 heures
Je suis un homme normal avec une vie normale mais je suis devenu un homme sans jambes avec une vie compliquée. Je n’oublie pas mon enfance, mon é, mon désespoir et mes blessures. J’ai grandi dans un monde qui m’a appris à me battre et à ne rien lâcher. Je me suis battu pour me faire une place dans ce monde. Alors, il n’est pas question que cette enquête me e sous le nez même si je dois prendre des petits comprimés blancs pour y arriver. Il nous reste peu de temps pour faire nos preuves. Prouver que même avec un handicap on est capable de faire son possible pour continuer. Je quitte ma chambre et je pars retrouver Madison dans la cuisine. — Salut, bien dormi, ma belle ? — Oui, et toi ? Tu as l’air plus en forme qu’hier ! — Oui très bien, je suis en meilleure forme et j’ai trouvé comment garder cette enquête. Allez vite, on y va ! — Mais tu n’as rien dans l’estomac. — Pas grave, je mange plus tard ! ALLEZ !
Elle céda à force de me voir tout excité. Je dois faire attention avec la cocaïne car il ne faut pas qu’elle le sache. Il me reste encore 30 minutes avant la première mise au point avec l’équipe et j’ai hâte de leur dire ce que j’ai trouvé. On y est, je les vois tous arriver. Pour éviter de me déplacer trop souvent, je leur demande de venir un par un dans mon bureau. Tout le monde prend place. Hailey et Madison sont assises et les hommes restent debout. — Je sais comment garder cette enquête, la nuit porte toujours conseil. Pour commencer, j’ai vu que personne n’a regardé les images des caméras de surveillance du parc… Ce serait bien que Hailey les regarde pour voir si on n’y voit pas Baba Cool car si on savait dans quelle direction il est parti, cette
information pourrait beaucoup nous aider. Hailey se lève, part à son bureau et commence à examiner les caméras. — Jacob va à la balistique, je veux tout savoir sur la balle qui m’a blessé. Il quitte la pièce et part de son côté. Hailey revient avec son ordinateur à la main et me montre ce qu’elle a trouvé. Après avoir lu la scène sur papier, voici que maintenant je la vois de mes yeux. J’aurais bien voulu tirer en plein cœur, comme ça l’affaire aurait été terminée, mais je l’ai seulement blessé, quelle honte ! j’attends avec impatience le retour de l’équipe. Le fait de ne plus pouvoir me déplacer me fait er le plus clair de mon temps au bureau, et plus sur le terrain, ce qui me frustre énormément. J’ai toujours été un homme d’action et rester dans un bureau ne me convient pas. Je trouve les heures très longues, je me demande quand elles vont bien pouvoir rentrer. Au moment où je pensais avoir perdu tout espoir, la porte du théâtre s’ouvre et c’est l’équipe de Hailey qui arrive avec leur démarche dynamique. Je comprends tout de suite que je vais avoir de bonnes nouvelles. — Michäel, j’avais raison, Baba Cool est parti vers le nord de la ville. Quand on suit sa piste, on peut se douter qu’il s’est réfugié au consulat de Cuba. À notre avis, tu as dû lui faire très peur. — Je confirme ce que Haley dit. On revient de la balistique et son arme, on la connaît, c’est la même que celle du braquage. — Excellent travail ! je vais le mettre en forme avant que tout le monde arrive. Vous pouvez disposer. Je regarde ma montre, encore une heure avant la petite réunion au théâtre. Je commence à saisir les rapports pour que tout soit plus clair. C’est très dur de se concentrer dans cette situation. Je branche mon téléphone et je mets YouTube. Je recherche dans ma mémoire une chanson qui puisse me donner toute l’inspiration dont j’aurais besoin. Si la musique a aidé l’équipe à se mettre au travail, elle m’a aidé à me concentrer. Trouvé ! Jean-Pierre Mader sera ma muse pour aujourd’hui. Madison vient à moi et m’apporte un café avec un croissant : « Très bon choix de musique. Va au plus simple et tu verras qu’on gardera cette enquête. » Aller au plus simple, très bonne idée, mais comment ? J’ai du mal à voir comment faire simple quand c’est compliqué. J’écris comme viennent les
mots sans réfléchir et sans me poser de questions. À la dernière note de la chanson, je termine. Il me reste encore dix minutes. Je vais en profiter pour redre les autres et angoisser en silence. Madison me tient la main en toute discrétion pour que personne ne sache pour nous. On échange quelques regards coquins, quand 18 h sonnent, elle me lâche la main. Jacob va accueillir nos hôtes. Après les avoir salués comme il se doit, on part dans notre bureau. Tout le monde a trouvé sa place. Voir le président sans ses gardes du corps me choque un peu mais ne m’étonne pas. — Je suis ravi de vous voir, monsieur Smith. Je ne pensais pas que vous reviendriez au travail aussi vite. — Merci, monsieur le Président, mais notre ennemi n’est pas encore derrière les barreaux et à la suite de quelques petits problèmes avec un membre de mon équipe, je n’avais pas d’autres options. — J’ai appris cela. On vous écoute en espérant que vous n’allez pas regretter mon choix initial. — C’est vrai qu’au début j’ai eu du mal à trouver ma place au sein de cette enquête mais plus le temps e, plus j’évolue. Aujourd’hui, nous avons plutôt bien avancé et je suis en mesure de vous annoncer que je sais officiellement où se trouve Baba Cool, mais avant toute chose je dois vous mettre en garde. Lors de notre dernière confrontation, il m’a dit des choses qui peuvent nous intéresser. Baba Cool n’est pas revenu sur cette île pour ca des dégâts comme la première fois mais pour se venger de certaines personnes, en particulier de l’homme qui l’a mis en prison. Oui ! vous avez deviné, Franck Carling est celui qui l’a mis en prison. Donc il fera tout pour en finir avec lui. Durant toutes ces années, ce meurtrier a toujours voulu régler ses comptes. Le fait est que les gens changent avec le temps et que c’est moi qui ai pris l’enquête. Il veut en finir à la fois avec le Capitaine Carling et bien sûr avec moi. Pour avoir subi cette confrontation, je peux vous dire que ça fait très peur. Ce n’est pas un homme à prendre à la légère. C’est un homme qui aime les défis et qui est très ambitieux. Aujourd’hui, il s’est réfugié au consulat territorial à Miami quand on suppose qu’il veut rentrer dans son pays natal. D’après la balistique, même si je ne l’ai pas tué, la balle lui a fait quelques dégâts, notamment sur une épaule. C’est pour cela qu’il est très important maintenant de pouvoir enfin boucler cette enquête une bonne fois pour toutes. On est près du but et ce serait dommage d’arrêter ici. Oui, je sais je suis en fauteuil roulant mais je sais aussi que j’ai cinq personnes
qui ont un talent fou et qui me sont dévouées. Je peux leur faire confiance et elles me font confiance à leur tour. Quand j’ai pris cette enquête, j’ai décidé de travailler seul et j’ai dit à mademoiselle Soto de me trouver six personnes pour travailler avec moi. Honnêtement, ce n’était pas leur CV ni leur qualification qui m’intéressait, ce qui m’intéressait c’était la différence, ils ont tous quelque chose à apporter au sein de cette équipe. On se connaît et on a appris à travailler ensemble. On a perdu Kaitlyn mais ce drame nous a fait prendre conscience de plusieurs choses. Monsieur le Président, monsieur le Maire, capitaine, je vous en prie, je n’ai pas beaucoup d’expérience mais je ne regrette pas, laissez-moi terminer cette enquête parce que je sais qu’elle est touche à sa fin. Il ne veut pas détruire cette ville, il veut juste se venger. Je ne vais pas le blâmer, il sera condamné. Je ne vais pas le blâmer pour ce qu’il a fait mais avec tout le respect que je vous dois, je vous en prie, j’espère que vous prendrez la bonne décision. — Quel changement de comportement, c’est surprenant ! Vous m’avez convaincu, monsieur Smith, je vous laisse continuer. Si vous avez besoin de quelque chose, vous savez où nous trouver. — Attendez et moi qu’est-ce que je fais ? vous avez entendu ? Il veut me tuer ! — Ah oui, ne t’en fais pas, Franck, on va trouver une solution. Au pire, on va te mettre sous surveillance et protection, mais je peux te rassurer que plus personne ne va mourir. Le président et le maire partent du théâtre. Mon père me regarde sans dire un mot. J’ai autre chose à faire que de rester à mon bureau. Il écoute les mouches voler puis il commence à me parler : — Je te rassure ce n’est pas à cause de ce que tu viens de me dire mais je pense qu’il est temps qu’on ait une petite conversation toi et moi, une conversation entre hommes. Prends tout le temps que tu voudras mais sache que demain, exceptionnellement, je ne serai pas très loin si tu décides de me voir. Je te laisse l’adresse. — Je ne peux pas te donner de réponse mais on verra bien. Je ne suis pas encore prêt à lui pardonner. Je ne sais pas ce que je vais faire avec ce bout de papier, la nuit porte conseil.
Chapitre 10
Pardonne-moi
Cette nuit-là, j’ai eu du mal à trouver le sommeil. Beaucoup de choses m’arrivent en pleine face. Je ne suis pas prêt à tout affronter. Le plus dur ce n’est pas la relation avec Madison mais plutôt le fait de voir encore une personne mourir dans les prochains jours. J’ai prêté serment de protéger les habitants de la ville, j’ai l’impression de les laisser tomber. C’est moche de penser à ça mais je n’y peux rien. Je reste un moment au bord du lit. J’écoute la pluie claquer sur les carreaux de la fenêtre de ma chambre. Dans ma main droite, je compte mes petits médicaments qui se battent en duel. Je les prends même si je sais que ce n’est pas avec ça que j’irai mieux. Je regarde mon fauteuil roulant et je ressens de la colère et de la haine. Madison fait tout pour me laisser me débrouiller le plus possible mais il y a encore des choses pour lesquelles j’ai besoin d’elle. Cela me gêne beaucoup. J’arrive à er du lit au fauteuil sans trop de mal. Je vais la redre dans la cuisine. Au age, je prends mon café et je m’assois en face d’elle. On se salue chaleureusement. Elle me fait rappeler qu’aujourd’hui à 10 h j’ai une séance de rééducation. J’en ai identifié la localisation. — Je vais y aller seul, ça me fera du bien de me débrouiller un peu seul. — Il pleut, ça va être compliqué. — Ne t’en fais pas, je sais ce que je fais.
Cette dernière m’embrasse et elle me quitte pour aller travailler. Une fois le petit déjeuner avalé, il me reste quelques bonnes heures avant mon rendez-vous. Je mais la radio pour me motiver dans les tâches ménagères. Mon téléphone sonne, un message apparaît : « Je ne sais pas si tu vas venir, mais j’ai besoin de te parler. Retrouve-moi au bar de la police quand tu peux. Franck. » Je regarde le GPS pour voir l’itinéraire. Je peux très bien y aller après ma rééducation. Je regarde l’heure sur mon téléphone. J’arrête tout ce que j’étais en train de faire, je ferme la porte et je pars vers le centre de rééducation. Je voulais appeler un taxi mais beaucoup d’entre eux n’étaient pas équipés pour les
personnes en fauteuil roulant. Après une bonne heure de torture, Madame Davis, ma kinésithérapeute, s’est proposé de m’amener à mon rendez-vous. J’ai sympathisé avec elle mais je n’ai pas eu le choix car la pluie s’est intensifiée. Je remarque que partout où je regarde il n’y a rien pour rendre service aux personnes paraplégiques. J’ai l’impression qu’on nous empêche d’aller dans beaucoup d’endroits. Ce sont des complications complémentaires pour toutes les personnes qui ont un handicap. Elle se gare et m’aide à descendre de la voiture. J’arrive à trouver une entrée pour redre le bar de la police. Franck est bien là. Il se lève et tire une chaise pour me laisser place. — Merci d’être venu. — Tu me voulais quoi ? Ce n’est pas ce que tu m’as dit hier. — Je sais mais c’est important alors pour une fois ne pose pas de questions et écoute. Comme tu le sais, je suis tombé amoureux de ta mère à l’âge de 30 ans, ça a été le coup de foudre. Louise et moi on a commencé à travailler ensemble. Quand elle a reçu cette balle dans la poitrine, ses derniers mots étaient de prendre soin de toi. Je ne savais pas qu’elle avait eu un bébé. Même si je commence à m’en douter depuis peu. Après avoir fait le test de paternité, je n’avais pas d’autre choix que de demander à sa sœur de t’élever. Quelques mois plus tard, les choses se sont compliquées. Avec ma femme, on a décidé que Joe serait ton frère. Comprends-moi, j’avais déjà une femme et un fils. Je ne voulais pas que cette histoire me gâche ma carrière. Après ce que tu m’as annoncé, je voudrais te demander pardon. Tu es devenu un homme remarquable. Tu as grandi et tu ressembles beaucoup à ta mère. — C’est bien trop facile. Tu sais que tu risques de nous quitter et tu as choisi ce moment-là pour recoller les morceaux avec moi. Tu ne sais pas comment j’ai souffert de cette enfance sans parent. Quand j’ai découvert la vérité sur Joe, ça m’a anéanti. Je sais ce que c’est que de perdre une chose. Quand je me suis retrouvé à terre avec cette balle dans le dos, j’ai pensé à plusieurs personnes. J’ai pensé à mère. Je ne l’ai pas connue, mais j’arrive à me l’imaginer. J’ai plus de jambes, je ne peux plus me déplacer. Si je n’avais pas Madison dans ma vie, je crois que je ne serais pas là aujourd’hui. Je pense pouvoir te pardonner mais ne m’en demande pas trop. — Merci, mon fils !
Quelle histoire ! Ma mère me manque de plus en plus. J’arrive à comprendre mon père mais si je regarde les choses d’un autre angle, c’est Baba Cool qui m’a fait retrouver la vérité sur ma famille. Sans lui, jamais je ne l’aurai su.
Chapitre 11
Meurs, Baba Cool
Depuis quelque temps, plus de nouvelles de Baba Cool. Je ne e plus cette situation. Je suis obligé de prendre de plus en plus de cocaïne pour pouvoir travailler. Le fait de le cacher à Madison et aux autres commence à me peser. Tant de souf et d’incorrection du corps médical. Mes jambes sont si douloureuses qu’elles ne sont plus là. Elles deviennent des fantômes qui me pourrissent la vie. De temps en temps, je veux prendre mon arme pour en finir avec cette souf qui est un poison à long terme. Je préfère être tué par cette merde de cocaïne que par ce meurtrier qui veut me faire la peau. Je ferme les yeux quelques heures, j’imagine un tas de possibilités pour aller le trouver. Je voudrais tant le trouver tout seul pour en finir une bonne fois pour toutes. Je suis si fatigué que je veux dormir et ne plus me réveiller. Quand j’ouvre les yeux, toute l’équipe regarde les informations sur le téléphone de Jacob. Je comprends qu’il vient de se er quelque chose. Je n’ai pas envie de me dre aux autres. Je branche la radio et là c’est le choc. Miami est en alerte rouge pour terrorisme. J’ai l’impression d’avoir loupé des informations. Je prends mon téléphone et j’appelle le Président : — Monsieur, c’est Mickaël Smith, que se e-t-il ? — Baba Cool est é à l’attaque, venez le plus rapidement au consulat territorial.
Une fois raccroché, tout le monde vient me voir. Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, je sais ce qu’il me reste à faire. Mon seul petit problème c’est comment faire mon travail sans mes jambes. Je n’ai pas le temps pour ce genre de question, je fais ce que mon cœur me dit. Je demande à tout le monde de prendre les véhicules pour redre nos collègues devant le QG de la police. Comme Madison a un véhicule adapté à mon handicap, je monte avec elle et je lui raconte ce que le président m’a dit : — Quel est ton plan ?
— Je n’ai pas forcément de plan, je vais voir sur place comment cela se présente. Haley et toi vous n’êtes pas des agents de terrain donc je ne peux pas vous demander de me suivre sur le terrain. Cependant, je pense que vous serez très utiles pour nous guider à travers les locaux du consulat. — D’accord ! tout va bien se er ? — Oui et quand tout sera fini notre histoire deviendra bien plus simple et plus belle, je te le promets.
Lui mentir devient de plus en plus compliqué. Je dois encore continuer quelques heures pour être enfin soulagé de ce poison. On arrive devant les locaux. Le SWAT est déjà là. Le capitaine Carling ne sait plus où donner de la tête entre les journalistes et les renforts, tout le monde devient très compliqué. J’ai très peu d’informations sur ce qui se e. Avant que je ne dispatche toute mon équipe, je vais à la rencontre de cet homme. — Qu’est-ce qui se e, Frank ? — Que je suis content de te voir ! J’ai réussi à faire évacuer tout le monde. Ce matin, une bombe a explosé dans le local des archives et quasiment suite tous les systèmes informatiques ont été brouillés. Il faut que tu saches que lors de la première fois ça s’est é exactement de la même façon. Le consulat a été pris d’assaut par des fidèles de Baba Cool et il avait les quartiers libres pour faire ce qu’il avait à faire. — Et c’est-à-dire ? Il était où ? — On ne sait pas trop, il peut être n’importe où dans cette bâtisse. — Alors, allons le chercher ! — Tu n’y penses même pas ! En fauteuil roulant, c’est impossible. — Tu ne sais même pas ce qu’on peut faire en fauteuil roulant, rien n’est impossible. Je sais maintenant ce qu’il me reste à faire. Je demande à Haley et Madison de
s’occuper des journalistes. Franck a raison sur un point, je suis en fauteuil roulant je ne sais pas comment je vais m’en sortir, mais je sais une chose c’est que mes mains fonctionnent très bien et sont assez efficaces pour tenir une arme. Le SWAT commence à avancer quand ils sont accueillis par des tirs de mitraillette. Pendant un court instant, je croyais qu’on était en guerre. Jamais je n’aurais pensé que ça allait finir comme ça. Quand j’ai pris cette affaire, je pensais que ça serait simple mais je me suis trompé. Matthew nous explique qu’en dessous du consulat il y a un age souterrain qui a été construit il y a des années et que si on le prend on serait à l’intérieur très vite. Joe, Franck et moi on se regarde. C’est la première fois que je ressens ce sentiment familial. On pense à la même chose. Cela faisait chaud au cœur. Ça arrive bien trop tard mais c’est toujours très agréable de se sentir appartenir à quelqu’un. Comme je suis le plus long, je me trouve en dernière position. Je trouve notre avancée longue et pénible. J’ai hâte de me retrouver nez à nez avec Baba Cool pour enfin le tuer. Je n’ai plus envie de jouer avec lui et j’en ai marre de me faire manipuler de la sorte. Le président veut un procès, moi je veux sa mort. Beaucoup de questions m’envahissent l’esprit. Je pense que ça va me faire un choc quand je le verrai en face de moi. On traverse toujours le long souterrain. Pour le moment, on a perdu toute communication avec les autres. Je le trouve de plus en plus long. De temps en temps, quelques petites vannes de Franck qui essaye de détendre l’atmosphère mais qui ne fonctionnent pas avec moi. Plus il parle, plus j’angoisse. On voit enfin la lumière. On retrouve aussi la communication radio avec les autres. J’ai du mal à me concentrer J’observe tout ce qui se e autour de moi. Je ne sais pas par où commencer. Une dispute éclate pour savoir comment faire. Personnellement, je n’ai pas de temps à perdre. Je e devant tout le monde et je commence à avancer pour examiner les lieux. — Mickaël, reviens par ici ! — Chut ! Frank, si vous voulez vous rendre utile, on se sépare. Vous deux, couvrez l’étage, moi je fais le bas. Communication par radio. Je les regarde très gênés et c’est moi le plus jeune et le plus sage. C’est avec mon arme qu’on part explorer le consulat. Je ne cherche pas à savoir qui va le trouver en premier, j’espère juste que ça sera moi. Je m’arrête quelques secondes pour réfléchir. On est arrivé, il pleuvait des tirs de mitraillettes. Normalement, il y aurait dû avoir plus de monde que ça dans ces lieux et là ce n’est pas le cas.
Personne. C’est trop facile. Toutefois, le doute s’installe. Sur cette question, je connais une personne qui a la réponse. Je demande à mes coéquipiers de regarder sur les caméras combien ils sont. La réponse tombe. Je le savais, il n’y a qu’une personne juste au deuxième étage. Comment tant de tirs ? Je ne sais pas encore mais je vais trouver. Après avoir examiné les cinq pièces du rez-dechaussée, je décide d’aller les redre. Rien de plus simple quand on trouve un ascenseur. Après une montée vertigineuse, je les retrouve. Je fais part de mes découvertes. On commence à en avoir marre de tourner en rond. Pendant que les autres continuent à simuler toutes les apothéoses possibles, je continue à observer tout ce qui m’entoure. Je e mes doigts sur le sol, je le ressens très gras et très sale. Je les porte à mon nez et je sens une odeur de soufre. Je commence à comprendre. Cette odeur que je sens actuellement est la même odeur qu’il y avait sur ses vêtements la fois qu’on s’est trouvé face à face. Cela voulait dire qu’il est au même étage que nous. J’ai deux possibilités : soit j’en parle aux autres soit je ne dis rien. J’ai envie de ne rien dire mais de l’autre côté, je n’ai pas envie de mourir aujourd’hui. J’essaye de les interrompre mais en vain. Je ne suis pas en mesure de hausser la voix sans ca une véritable catastrophe. Depuis que je suis dans ce maudit fauteuil, je me trouve tout petit donc je n’ai pas le choix. Je prends mon courage à deux mains et je pars seul à sa recherche. Je me faufile prudemment dans plusieurs pièces. J’ai cette odeur qui me pique de plus en plus le nez. Je me retourne et je vois Franck et Joe toujours en train de se chamailler. Si j’avais toujours mes jambes, j’irais leur donner des baffes à ces têtes de mules. Je regarde à l’entrée de la pièce. Il y avait un homme avec plusieurs mitraillettes qui tirait sur tout ce qui bouge dehors. Je plisse mes yeux pour bien voir. Je n’en crois pas, Baba Cool est en face de moi. Je dois trouver un moyen pour les avertir. Je roule sur moi et je découvre la balle en mousse de Jacob. Je la lance assez fort pour les faire réagir. Joe arrête de parler et me regarde. Il me regarde et il comprend ce qui était en train de se er. Il donne une tape à l’épaule de Franck et lui murmure à l’oreille que j’ai trouvé Baba Cool. Tous les deux commencent à me redre. Comme il était plus loin que moi, je suis entré dans la pièce. Plus j’avance, plus la douleur se réveille. Je m’arrête à quelques mètres de l’individu et je prends un cachet pour calmer la douleur. Une fois pris, je regarde mes mains trembler comme des feuilles. Je me suis dit que si Frank et Joe ne se dépêchent pas un peu, je vais me trouver dans une situation très embarrassante. L’homme arrête de tirer et tout doucement il se retourne vers moi. Nos regards se croisent pour la seconde fois. Nos regards se transformaient mutuellement en haine. Il ne parle pas, il s’avance juste vers moi. Cette fois, je suis prêt à l’accueillir comme il se doit, je suis prêt à utiliser cette arme. Plus qu’à quelques pas de moi et là il commence à rire de la situation. Je
ne trouve pas cela très drôle. — Tu as envie de mourir à ce que je vois. Comment as-tu osé prétendre pouvoir m’arrêter ? — Je me rappelle tes mots, tu voulais en finir avec ma famille alors je suis venu avec eux. Je ne compte pas t’arrêter mais je ne e pas que tu touches à mes proches et à la population. — Tu es trop sentimental, mais là aujourd’hui je suis dans un bon état d’esprit. Tu as réussi à m’affaiblir assez pour me remettre en question. Jusqu’à maintenant personne n’avait réussi à me toucher mais toi avec une seule balle, tu l’as fait. J’ai bien failli y laisser la vie. Je veux rentrer dans mon pays. Mais je vois que dans tes yeux tu n’es pas prêt à me laisser partir. Alors, que veux-tu de moi ? me mettre en prison ? — Au début, je suis venu ici pour me venger. Je voulais te tuer comme tu as tué ma mère, Kaitlyn et cet agent de sécurité, mais je n’en ai plus envie. Toutefois, je ne crois pas que tu es sincère, je crois que tu bluffes. Oui, tu veux rentrer au pays pour être libre mais tu dois payer pour tous les crimes que tu as commis depuis que tu es sorti. Rends-toi ! Frank et Joe entrent dans la pièce et tous les trois, on pointe notre arme sur l’individu. — Comme on se retrouve, Frank Smith ! Où étais-tu caché pendant tout ce temps ? — Alors comme ça tu veux rentrer au pays, mais cette fois-ci tu n’y arriveras pas. — Ne dis pas ça ! Tu sais très bien qu’en venant jusqu’ici avec tes fils tu risques de les mettre en danger et toi aussi. La différence entre cette année et la dernière fois qu’on s’est vu, c’est qu’aujourd’hui je n’ai pas recruté assez de monde. Pendant que mes fidèles sont en train de semer la zizanie dans la ville, je tiens à te préciser que cette pièce est truffée d’explosifs et tu vois, j’ai sur moi un petit boîtier et si un de vous trois me tire dessus et que ce petit boîtier tombe par terre, tout explose. Faites-moi quitter le pays et je vous laisse la vie saine et sauve. — Ça, jamais de la vie !
Sans crier gare, trois coups de feu viennent surgir dans la pièce et je suis complètement déboussolé. Je n’arrive pas à réagir. En quelques secondes, la pièce se remplit de monde, je ne sais pas ce qui est en train de se er. D’un coup, j’entends une personne qui pleure. Une personne se met à mon niveau, il me demande si ça va, je ne sais pas quoi répondre, je suis complètement désorienté. Quand je reprends mes esprits, je comprends. Que Jacob arrive avec l’équipe d’intervention, il m’amène le plus rapidement possible à l’extérieur du bâtiment pour me mettre à l’abri. Quelque chose en moi vient de se briser. En ce moment, je n’arrive pas à savoir quoi. Je suis toujours dans un état second, je tremble, j’ai le cœur qui bat très fort et très vite, ma bouche est sèche et devient pâteuse. Je ne sais pas ce qui se e. Je n’arrive pas à regarder autour de moi. Tous mes sens se bloquent. Je n’arrive plus à réfléchir.
Une semaine plus tard !
Madison me retrouve encore une nouvelle fois à l’hôpital. Cette fois, je vais bien. Des questions me viennent à l’esprit. Qu’est-ce qu’il s’est é ? C’est la plus grande des énigmes. Je lui tiens la main et je lui demande : — Je ne sais pas par où commencer. Je pense que je vais commencer par une mauvaise nouvelle. Mickael, je suis désolée mais Frank est mort dans la mission contre Baba Cool. C’est dans un élan de protection que Joe a pris ton arme et a abattu Baba Cool d’une balle en pleine tête. Ça s’est é très vite et il n’y avait vraiment aucun moyen pour éviter ce drame. Tu as été transporté à l’hôpital et je ne te cache pas comment j’étais très en colère quand on a découvert que tu t’es drogué. Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? — J’avais honte ! Honte de souffrir et de ne pas être à la hauteur. C’est la seule solution que j’ai trouvée. — C’est idiot et dangereux ! — Pardonne-moi, je ne voulais pas que tu me quittes, je t’aime et je tiens à toi. — Joe s’est occupé des obsèques mais il attendait que tu sois totalement rétabli pour pouvoir enterrer votre père. Je me suis arrangé avec le médecin pour savoir quand tu pourras sortir. Normalement, d’ici deux jours ça sera bon. Je sais que ce n’était pas ce genre de nouvelles que tu voulais avoir mais sache une chose, c’était la suite logique, Baba Cool et ton père n’avaient pas fini ce qu’ils avaient commencé. Je te laisse te reposer !
Je commence à réaliser que je me retrouve seul. J’ai perdu mon père au moment où je l’ai retrouvé et je risque de perdre mon frère même si je sais au fond de moi que ce n’est que mon demi-frère. Dans deux jours je quitte l’hôpital, j’aurai des choix à faire et certains vont être très compliqués. En attendant, je vais essayer de ne pas penser à ce qui va se er
après ces deux jours. Il me reste encore un peu de temps à er à hôpital alors je vais en profiter pour régler quelques problèmes avec mon addiction. Je me rends compte que se droguer pour ne plus souffrir a été une très mauvaise idée. Je n’en reviens pas comment j’ai vite été dépendant. Je fais signe à Madison de s’asseoir sur mon lit près de moi et je lui dis :
— Tu sais, d’un côté je suis heureux de constater que Baba Cool soit mort même si ce ne n’est pas moi qui l’ai tué. Cette enquête m’a coûté beaucoup de choses, mais elle m’a fait aussi beaucoup réfléchir. Pour commencer, avoir découvert la vérité sur ma famille a été une chose pas évidente à comprendre. Pardonner quand on est blessé, ce n’est pas facile. Perdre une collègue, se confronter à la mort pour une deuxième fois, quel age délicat. Tu ne m’as jamais abandonné. Une petite femme avec un caractère en or. Madison, quand je t’ai vue la toute première fois, tu as ébloui mon existence. Dans ce café, je me suis comporté comme un idiot. Partir loin de toi a été très difficile. Tout est devenu plus clair quand j’ai pris la direction de cette affaire. Tu n’as pas changé et tu es une joie de vivre. Je n’ai pas de bague et je n’ai pas de jambes sans oublier que je ne peux pas me mettre à genoux mais avec tout ce qu’on a vécu, mademoiselle Madison Olivia Cooper, acceptes-tu de devenir ma femme ? — Oui, je veux bien devenir ta femme et je te prends comme tu es. Ce handicap sera notre force.
Elle m’embrasse et me fait un gros câlin. Comme promis, j’ai vu plusieurs médecins et spécialistes et on a enfin trouvé un traitement pour soulager mes douleurs. Certes certains médicaments restent une drogue mais je sais que je pourrais quand même la gérer. Après le combat avec le meurtrier, voici le combat contre la maladie. Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Je ne sais pas. Continuer dans la police, je ne pense pas. Je me revois des années en arrière quand je ne savais pas ce que j’allais faire de ma vie. Comme convenu, après ma sortie de l’hôpital, je fais face à l’enterrement de mon père. Joe a choisi de faire quelque chose de simple et de chic. Pour ne pas séparer les deux familles, il est enterré à côté de ma maman.
Tes yeux sont fermés, ton visage est si lourd, figé dans l’au-delà depuis déjà trois jours. Avec qui partager les souvenirs d’autrefois ? La chaleur des vacances où nous allions parfois, nos jeux sur l’herbe tendre et le parfum des fleurs, rires et pleurs, soir ou matin sur ton cœur. Tant de joie qui se brise, de bonheur perdu, je ne peux croire que désormais tu n’es plus. La mort est injuste, je ne peux er car elle emporte le complice tant aimé. Ton regard parti, comment éviter la peur ? La mort me dépouille de toute ta chaleur. Pourquoi vole-t-elle un être aussi cher ? Ne plus pouvoir te parler et dès lors me taire quand rien ne peut changer la course du temps, les mots sont trop faibles, le silence s’étend. Il faudra simplement continuer le chemin. Nos enfants dont je tiens ici encore la main vont partir et peu à peu vivre leur vie. Ils l’ont reçue de toi pour la transmettre aussi, ce sera ton sourire, à leurs propres enfants. À tous, tu manques déjà tellement…
Une fois la cérémonie terminée, Joe vient vers moi et me serre dans ses bras. Je crois que c’était bien la première fois qu’il le faisait, puis il me tend une enveloppe et me demande de la lire tout de suite. Après une lecture, des larmes viennent à moi. — Alors acceptes-tu de reprendre le travail de notre père ? — Regarde-moi, je ne suis que la moitié de ce que j’étais. Je n’ai plus de jambes, je suis fatigué et je ne suis personne. — Oui, il te reste la moitié de ce que tu étais mais il te reste dans cette moitié beaucoup de courage, de savoir-faire et de ion. Accepte de former tous ces jeunes agents et n’oublie jamais, un bon policier doit avoir de la force, de la volonté et le plus important, du courage. Tu es resté simple sans te compliquer la vie. Michäel, ne crois jamais que le handicap est la différence de l’intolérance. Prouve à tout le monde que quand on veut quelque chose on peut tout avoir. — Et toi, qu’est-ce que tu comptes faire ?
— Je ne sais pas, j’ai envie de voyager, visiter la , l’Europe et le monde. J’ai toujours eu la bougeotte. Être policier c’était bien, mais tu vois que la routine a toujours été là. — Je vais me marier avec Madison, je t’en prie, reste jusqu’à là. — Bien sûr ! Je t’aime…
Ma famille est certainement compliquée, mais j’ai construit la mienne. J’ai repris le poste de mon père et je suis é au grade de capitaine. Je ne vais plus sur le terrain mais grâce à mes anciens collègues, on a pu faire évoluer la nouvelle technologie. Je me suis marié et nous avons déménagé dans une maison au bord de la mer. Mon théâtre est toujours d’actualité. Jacob et les autres ont eu l’idée de le réhabiliter comme une salle de sport, un lieu où tout le monde pourrait venir se défouler après une journée de travail. De temps en temps, j’ai des nouvelles de mon demi-frère. La dernière le disait en . À chaque nouvelle destination, il m’envoie une carte postale, il est toujours de bonne compagnie. Madison a quitté le journalisme pour devenir ma secrétaire. Pour ce que Baba Cool m’a dit avant de mourir, je préfère l’oublier mais je sais qu’un jour cette histoire va remonter à la surface.
J’ai décidé d’écrire cette histoire à travers mon handicap. Je ne suis pas tout seul dans cette situation. J’espère qu’un jour plus personne aura plus peur de la différence du handicap cela, n’est pas une maladie ni une fatalité. Ne faites pas comme moi, en me rangeant du côté des médicaments, la meilleure des solutions reste la discussion.
Michael Carl Smith !
Remerciement
À toi qui m’as soutenue. À toi qui as cru en moi. À toi mon ami, ma famille et mon amour.
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